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Le boursier François Robinne étudie l’incidence des feux de forêt sur l’eau

Des catastrophes comme les feux de forêt qui ont ravagé Fort McMurray l’an passé peuvent avoir des effets dévastateurs et durables sur les communautés touchées ainsi que sur l’écosystème local. François-Nicolas Robinne, titulaire de la bourse d’études en SIG 2017 d’Esri Canada de l’Université de l’Alberta, étudie les conséquences potentielles des feux de forêt sur la qualité et la quantité des ressources en eau. Apprenez-en davantage au sujet de François et de ses recherches.

En mai 2016, les feux de forêt qui ont fait rage à Fort McMurray ont rappelé aux Canadiens l’effet dévastateur que peuvent avoir de telles catastrophes sur une communauté. Or, ces événements peuvent aussi avoir des conséquences importantes, quoique souvent moins visibles, sur le milieu environnant. François-Nicolas Robinne, l’un des lauréats des bourses d’études en SIG 2017 d’Esri Canada, étudie les risques que posent les feux de forêt pour la sécurité de l’eau partout dans le monde. J’ai demandé à François par courriel de m’en dire plus à son sujet et de me parler de ses recherches.

KA : Où étudiez-vous actuellement et quels autres diplômes possédez-vous?

FR Je suis étudiant au doctorat en biologie et en gestion forestière au sein du département des ressources renouvelables de l’Université de l’Alberta. En outre, je fais partie du partenariat de l’Ouest pour la science des feux de forêt. Mes recherches portent sur les feux de forêt et la façon dont ils créent un risque pour la sécurité de l’eau. Une grande partie de mon travail vise à sensibiliser les gens aux conséquences potentielles des feux de forêt sur la qualité et la quantité des ressources en eau pour les communautés et les écosystèmes partout dans le monde. Il s’agit d’un sujet d’intérêt croissant depuis quelques années, particulièrement depuis l’incendie Horse Creek à Fort McMurray et les violents incendies qui se sont propagés au Chili plus tôt cette année.

Je suis également titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en géographie environnementale. Par ces études, j’ai acquis une vision plus large des processus naturels et humains dans le monde. Je suis très fier d’être géographe, et je continuerai de me considérer comme tel après avoir obtenu mon doctorat.

KA : Vous êtes originaire de France. Pourquoi avoir choisi le Canada pour passer votre doctorat?

FR Un bon ami à moi – un scientifique, en passant – m’a appelé en 2012 pour me demander si je serais tenté d’entreprendre un doctorat sur les risques que présentent les feux de forêt pour la sécurité de l’eau. Il savait que j’avais déjà étudié ce sujet en France. Il m’a offert une occasion en or que je n’ai pas pu refuser.

Sans compter que je rêve de venir au Canada depuis que je suis tout petit. Je me souviens d’avoir regardé encore et encore des vidéos de National Geographic que ma grand-mère conservait. Il s’agissait de longs épisodes sur les merveilleux paysages du Canada. J’ai réalisé mon rêve, et je suis très reconnaissant de la chance que m’a donnée le Canada. Je suis euphorique. J’ai pris une décision, et même s’il faut beaucoup de temps pour obtenir un doctorat, j’aime le programme et mon département.

KA : Croyez-vous que le fait de gagner une bourse d’études en SIG d’Esri Canada vous a aidé?

FR Eh bien, d’abord, ma confiance en moi a grimpé en flèche, ce qui est essentiel pour obtenir un doctorat. Après avoir longtemps travaillé avec les produits d’Esri et avoir tant accompli grâce à eux, c’est une véritable récompense, de même qu’un honneur de recevoir cette bourse. D’un point de vue plus pratique, j’ai utilisé la bourse pour acheter des livres scientifiques et financer une partie de mes dépenses pendant l’Assemblée générale de l’Union européenne des géosciences en Autriche, où j’ai été invité à présenter mes recherches.

KA : Quels logiciels et ressources avez-vous utilisés grâce à la bourse ou lesquels comptez-vous utiliser?

FR Je suis un fervent utilisateur d’ArcGIS Desktop. C’est donc le logiciel que j’utilise le plus. Je suis très content d’avoir pu installer la version complète sur mon portable grâce à la bourse. Je peux maintenant être un utilisateur de SIG à la maison. Je me suis également inscrit à deux cours magistraux afin d’apprendre à mieux utiliser Python dans l’environnement ArcGIS.

KA : Quand avez-vous commencé à utiliser la technologie SIG, et pourquoi?

FR J’ai commencé à utiliser la technologie SIG il y a près de 15 ans, pendant mon baccalauréat en géographie environnementale à l’Université Paul Valéry Montpellier 3, dans le sud de la France. Je me rappelle avoir travaillé avec ArcView 3.2 à cette époque. J’ai l’impression que ça fait une éternité. Je pense que je ne saurais plus comment l’utiliser maintenant.

KA : Pensez-vous que les compétences en SIG sont nécessaires dans le domaine que vous avez choisi?

FR Je pense qu’il est nécessaire de posséder des compétences en SIG lorsque l’on étudie des processus naturels tels que les feux de forêt ou le cycle de l’eau. À tout le moins, quiconque œuvrant dans ce domaine devrait savoir comment créer une carte à la fine pointe de la technologie. Je sais que je ne suis pas très objectif : j’utilise les technologies SIG depuis si longtemps, je les aime et je les enseigne. Je ne dis pas qu’il faut maîtriser le domaine de l’analyse spatiale. Toutefois, comprendre les processus spatiaux, ou au moins s’y intéresser, permet d’élargir notre vision du monde et de soulever de nouvelles questions de recherche. Il s’agit d’un aspect fondamental de la science de l’information géographique.

KA : Pourriez-vous me parler de certains projets dans le cadre desquels vous avez utilisé les technologies SIG?

FR Mon projet de recherche au doctorat est centré sur l’analyse mondiale des risques que posent les feux de forêt pour la sécurité de l’eau. J’utilise une approche fondée sur la modélisation de l’indexation. C’est donc dire que je me sers d’une vaste gamme d’indicateurs qui représentent divers aspects des dangers hydrogéomorphiques post-incendie et leurs incidences sur les ressources en eaux douces. Tous ces indicateurs sont classés en différentes catégories qui désignent les thèmes généralement acceptés en matière d’analyse des risques. Ensuite, ces indicateurs sont pondérés selon l’importance que je leur accorde et ils sont regroupés. Il en résulte une valeur pour chaque pixel. Une valeur élevée correspond à un niveau de risque élevé. J’ai publié mon premier ouvrage à ce sujet l’an dernier. D’autres le seront prochainement.

La carte du haut présente l’indice mondial d’exposition de l’eau aux feux de forêt, tel qu’il a été calculé à la suite du regroupement des indicateurs. Il s’agit d’un croisement entre les feux de forêt et les ressources en eau pour fournir une mesure de l’exposition. L’indice est sans dimension; les valeurs se situent entre 0 et 100. Les valeurs élevées (100, rouge foncé) désignent une plus grande concentration de facteurs de risques pour les ressources en eau douce de surface. La carte du bas affiche les biomes terrestres aux fins de comparaison. Source : « A Global Index for Mapping the Exposure of Water Resources to Wildfire » (identifiant d’objet numérique : 10.3390/f7010022)

Sur un sujet connexe, j’ai également travaillé à adapter l’approche « From the Forests to Faucets », développée aux États-Unis, au contexte géographique de l’Alberta. Cette démarche s’inscrivait dans un projet dirigé par le Réseau canadien de l’eau. L’objectif premier consistait à déterminer l’exposition potentielle des bassins-versants provinciaux aux feux de forêt. D’ailleurs, j’ai développé une boîte à outils qui permet à tout utilisateur de reproduire ces étapes dans sa région d’intérêt. J’espère publier les résultats initiaux pour l’Alberta avant la fin de l’année.

KA : Prévoyez-vous ou espérez-vous rester au Canada après l’obtention de votre doctorat?

FR Oui, j’envisage de rester. Mon directeur et moi venons tout juste d’obtenir du financement. Je peux donc commencer mon postdoctorat dans le même laboratoire et sur le même sujet, en me concentrant toutefois davantage sur le Canada. J’aimerais rester dans le milieu universitaire. Cependant, si ce n’est pas possible, je pense posséder suffisamment de compétences, particulièrement en SIG, pour trouver un poste intéressant au Canada. En outre, ma fiancée demeure en Alberta. C’est donc une autre excellente raison de rester. Nous voulons faire notre vie au Canada, mais nous demeurons ouverts aux possibilités à l’étranger. Nous affectionnons particulièrement l’Écosse.

Ce billet a été écrit en anglais par Krista Amolins et peut être consulté ici.