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Comment établir un gouvernement intelligent à l’aide d’une infrastructure géospatiale?

Le Royaume-Uni a créé une commission géospatiale au sein de son Bureau du cabinet, qui a pour mandat de mettre en œuvre et d’entretenir une infrastructure géospatiale. Le pays cherche ainsi à rehausser la productivité dans l’ensemble de son territoire au moyen des données géospatiales, de la collaboration et d’améliorations apportées aux processus et aux politiques. Lisez ce billet de blogue pour savoir pourquoi le Canada devrait adopter une approche semblable en vue de créer des gouvernements intelligents en améliorant les politiques et la prise de décisions à l’aide d’une infrastructure géospatiale.

J’ai récemment assisté à la Conférence SIG d’Esri consacrée aux administrations fédérales, et l’un des conférenciers principaux qui ont retenu mon attention a été le chef de la commission géospatiale du gouvernement britannique, William Priest. Après avoir passé de nombreuses années à lancer, à promouvoir et à mettre en œuvre des infrastructures géospatiales pour le gouvernement fédéral canadien, pour des gouvernements étrangers et pour le secteur privé, j’étais content de constater que le Royaume-Uni se dotait dorénavant d’une vision et d’un plan d’action en ce qui concerne ce dossier important.

Regardez la présentation de William Priest sur l’initiative de la commission géospatiale du gouvernement britannique.

Il peut être difficile de vendre le concept d’infrastructure géospatiale à de hauts fonctionnaires (que ce soit à un palier fédéral, provincial ou municipal au Canada), d’autant plus quand ces derniers ne comprennent pas de quoi il s’agit et n’ont que peu ou pas suffisamment de connaissances en matière de SIG et de données géographiques pour appuyer un tel projet. Il est relativement facile d’expliquer la technologie géospatiale, les IDS et les données géographiques de qualité en termes généraux, mais il faut des compétences bien différentes pour expliquer à ces hauts fonctionnaires pourquoi leur administration a besoin d’une infrastructure géospatiale dans le cadre de ses initiatives de gouvernement intelligent. Ce que j’ai trouvé particulièrement intéressant dans cette présentation, c’est l’approche du conférencier pour expliquer les avantages d’une infrastructure géospatiale selon une vue générale compréhensible pour les hauts fonctionnaires.

M. Priest a parlé de la réduction des frictions, de l’élimination des obstacles, de valorisation, de l’accroissement de la productivité, ainsi que de la façon de franchir le fossé que représente la technologie dans les processus gouvernementaux. Il a donné des exemples concrets d’amélioration, tels que la réduction du temps nécessaire pour effectuer le transport terrestre de 90 jours à plusieurs heures grâce à un flux de travaux géospatial numérique. Il a mentionné qu’une base de données commune sur l’emplacement des infrastructures souterraines permettrait d’économiser énormément de temps, d’argent et de ressources dans les secteurs des services publics, de la construction et des télécommunications, rendant ainsi le Royaume-Uni beaucoup plus efficace. Il a également indiqué que les meilleures politiques de transport élaborées à l’aide de la technologie géospatiale amélioreraient considérablement la circulation des biens, des services et des personnes partout au Royaume-Uni.

Une source unique de données géospatiales officielles revêt une importance capitale pour un nombre extrêmement important de citoyens, de gouvernements et de secteurs d’affaires au Canada.

Les défis et les possibilités mentionnés dans la présentation ne sont pas sans rappeler les enjeux auxquels fait face le gouvernement fédéral canadien. Mais les administrations provinciales et municipales du pays sont également confrontées à des difficultés similaires. Parmi ces défis et occasions, notons l’incertitude économique, la productivité économique, l’efficience du secteur public, le vieillissement de la population et la durabilité de l’environnement. Par exemple, le gouvernement de l’Ontario cherche actuellement à améliorer l’efficacité des processus de son secteur public, et l’utilisation d’une infrastructure géospatiale pourrait constituer un important tremplin pour atteindre cet objectif.

Le conférencier a indiqué que les gouvernements et d’autres instances pouvaient réaliser d’énormes gains en productivité en automatisant leur façon de travailler. En fait, vous surfez déjà sur la vague de la transformation numérique. Que diriez-vous si vous aviez à vous passer de la vitesse du courrier électronique et à souffrir de la lenteur du service postal traditionnel (qu’on appelle maintenant « courrier escargot »)? Et si vous deviez utiliser des cartes papier plutôt qu’un SIG? L’automatisation des processus de communication et d’affaires n’a pas seulement modifié notre façon de travailler. Elle détermine également à quel point nous sommes (ou pourrions être) productifs en tant que société.

Voici certains des domaines d’application au Royaume-Uni pour lesquels les services publics apportent une valeur ajoutée significative qui peut être améliorée par le développement d’une infrastructure géospatiale : l’environnement, les services d’urgence, le transport, le logement et la planification. Le Royaume-Uni concentrera ses efforts dans ces domaines. Même les petits efforts apportent de la valeur, comme la numérisation complète des flux de travaux, la création et la mise à disposition d’une vue cohérente des données géospatiales officielles, la réduction des frictions et l’élimination des obstacles.

M. Priest a parlé de certains éléments de l’écosystème géospatial qui peuvent être facilement améliorés. Il s’agit notamment d’améliorer les données pour ce qui est de la qualité, de la facilité d’utilisation, de l’interopérabilité, de la découverte et de l’accessibilité. Il a également mentionné qu’on peut faire davantage pour favoriser l’adoption de la technologie et des applications géospatiales au sein du gouvernement et ailleurs. L’amélioration des compétences, des capacités et des ressources constitue un bon moyen d’accroître l’efficacité. M. Priest a souligné l’importance d’établir un pont entre les producteurs des données et les communautés d’utilisateurs de données, de sorte que l’un et l’autre côté puissent comprendre leurs besoins respectifs.

Pour résumer, M. Priest a précisé qu’il concentrera ses efforts sur le maintien d’une source unique de données géospatiales officielles, sur la création d’une infrastructure géospatiale collaborative et sur l’essor du volet géospatial dans les secteurs public et privé. Il dispose de nombreux outils pour faire de l’infrastructure géospatiale du Royaume-Uni un succès, y compris des instruments comme la législation, la réglementation, ainsi que le fait d’être un client qui dirigent des initiatives et financent les possibilités.

Bien que le Canada ne dispose peut-être pas de tous les instruments de la commission géospatiale du Royaume-Uni, le pays devrait commencer à tirer parti de l’Infrastructure canadienne de données géospatiales (ICDG) aux échelons supérieurs du gouvernement pour améliorer la productivité dans tous les secteurs. Même si le Canada se porte relativement bien en termes de productivité, on peut vite accuser un retard qui sera difficile à rattraper. Le temps est maintenant venu pour les gouvernements de mettre en branle une infrastructure géospatiale complète au Canada.

Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.