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Les organismes de réglementation et la veille géographique en temps de crise

Des organismes de réglementation partout au Canada s’arment d’outils de veille géographique pour coordonner leurs interventions. Dans cet article, Kelsey Davis, expert-conseil en gestion à Esri Canada, présente trois exemples d’organismes de réglementation qui utilisent actuellement des outils géospatiaux afin d’appuyer leurs efforts d’intervention, de mieux informer les citoyens et d’accroître la sécurité publique.

Les organismes de réglementation jouent un rôle important, voire essentiel, dans la société. Œuvrant dans les coulisses du quotidien des citoyens, ils veillent au bon fonctionnement de la société et à la sécurité de ses membres en s’assurant que les structures de gouvernance et de responsabilité nécessaires sont en place. Mais que se passe-t-il lorsqu’une crise sociétale imprévue survient et que les gouvernements sont obligés de mettre en place des mesures de confinement à l’échelle nationale?

Les organismes de réglementation sont en première ligne de combat contre la pandémie de COVID-19, aux côtés de gouvernements du monde entier qui prennent des décisions difficiles et font usage de leur pouvoir législatif pour ralentir la propagation du virus et atténuer ses répercussions.

À l’heure où les organismes de santé publique s’attaquent de front au virus, il serait difficile de trouver un organisme de réglementation qui ne soit pas touché par la gestion de la réponse à la pandémie, ou encore qui n’y prenne pas part. En raison de la nature généralisée de la situation, les organismes de réglementation ont dû s’empresser de réagir, certains plus que d’autres. Ceux qui ont le mieux réussi ont su repérer et utiliser rapidement toutes les ressources disponibles pour affronter efficacement la crise et mettre en application les ordonnances que les gouvernements ont promulguées. Dans cet article, je présenterai certains organismes qui ont su relever ce défi en tirant profit d’outils géospatiaux.

Santé publique

Ce n’est un secret pour personne que la propagation des virus est de nature très géospatiale et que les scientifiques de la santé exploitent depuis de nombreuses années la technologie de localisation dans le cadre de recherches et d’analyses. Une grande partie de ces analyses est généralement faite après coup et dans un contexte géospatial relativement restreint ou contrôlé. La différence avec la COVID-19 est la vitesse à laquelle celle-ci s’est répandue dans le monde entier.

Pour devancer la COVID-19, les organismes de santé ont dû utiliser tous les moyens possibles pour rassembler, analyser et publier rapidement de vastes volumes de données et d’informations. Au cœur de cette ruée vers l’information, deux des questions les plus fréquentes et les plus importantes ont été les suivantes : où se trouve le virus de la COVID-19 et où ira-t-il ensuite?

Les outils géospatiaux modernes ont été conçus spécifiquement avec cet objectif en tête et ont énormément aidé les organismes qui ont pu en tirer parti.

Le tableau de bord de l’état de la situation de COVID-19 au Canada de l’Agence de la santé publique du Canada est un exemple qui a gagné en popularité dans les médias canadiens. Fruit d’une collaboration entre l’Agence de la santé publique du Canada, Statistique Canada et Ressources naturelles Canada, le tableau de bord constitue un outil visuel convivial qui permet aux gens de rester informés en un coup d’œil.

Le tableau de bord de l’état de la situation de COVID-19 au Canada de l’Agence de la santé publique du Canada a été conçu à l’aide de l’outil ArcGIS Experience Builder d’Esri. Il est régulièrement mis à jour avec des données pertinentes sur la progression de la COVID-19 au Canada.

Professionnels de la santé

Outre les travailleurs de première ligne et le grand public, il existe de nombreux autres professionnels de la santé, notamment les dentistes, les chiropraticiens, les physiothérapeutes et les optométristes. Chaque profession est régie par son propre organisme de réglementation. Ces organismes n’ont pas nécessairement accès aux mêmes outils et ressources que l’Agence fédérale de santé publique du Canada, ce qui a créé une situation difficile pour les praticiens et les patients tout au long de la pandémie.

À bien des égards, c’est l’occasion pour les organismes de réglementation de mieux aligner leurs efforts sur les mandats plus larges annoncés par les représentants du gouvernement. Depuis le début de la pandémie, les urgences sont la priorité des patients et des praticiens. Toutefois, savoir où aller pour recevoir des soins très urgents a constitué un défi de taille pour de nombreux organismes, ainsi que pour les professionnels et les patients dont ils sont responsables.

Maintenant que nous entrons dans une phase de la pandémie où les gouvernements, sages et prudents, commencent à annoncer un assouplissement des mesures de confinement, le fossé se creuse.

Prenons l’exemple de la profession dentaire. De nombreuses stratégies de relance économique ont indiqué que les dentistes seront parmi les premiers praticiens autorisés à reprendre leurs services, pour autant qu’ils respectent les règles et réglementations établies par les organismes de réglementation qui les régissent. Or, dans certaines régions, les organismes de réglementation n’ont publié aucune directive à la suite des annonces du gouvernement. Par conséquent, praticiens et patients demeurent dans l’incertitude quant aux endroits où obtenir des services médicaux.

La possibilité de publier rapidement des informations à ce sujet constitue un argument solide pour inciter les organismes de réglementation des services de santé qui ne le font pas déjà de tirer parti de la technologie géospatiale. Il pourrait littéralement s’agir d’une question de vie ou de mort, dans des cas extrêmes. Par ailleurs, indiquer aux gens où aller pour obtenir les soins dont ils ont besoin en temps opportun pourrait réduire considérablement les risques de complications médicales futures.

Santé publique Ontario a pris des mesures dans ce sens en publiant sur le web une carte de localisation des services de santé, laquelle s’appuie sur la technologie d’Esri. À l’heure actuelle, cette carte ne répertorie que les établissements de santé publique provinciaux. C’est pourquoi une collaboration avec les organismes de réglementation et les collèges de praticiens dans le but d’ajouter des emplacements pour toutes les ressources de soins de santé apporterait une valeur ajoutée considérable. Les organismes de réglementation tiennent des registres des fournisseurs de services actifs dans le cadre de leur mandat, et ils publient ces informations sur leur site web. Nous savons donc que les données existent.

La carte de localisation des services de santé de Santé publique Ontario s’appuie sur la technologie d’Esri pour aider les utilisateurs à accéder plus rapidement aux services dont ils ont besoin. Elle indique aux utilisateurs les services de santé à proximité, y compris les hôpitaux, les bureaux de santé et les laboratoires.

Malheureusement, dans de nombreux cas, ces informations sont publiées dans des formats difficiles à utiliser, comme des listes et des tableaux statiques basés sur du texte. Bien souvent, ces formats offrent peu de contexte et ne permettent pas aux utilisateurs de trouver un emplacement en fonction de leurs besoins. Les organismes de réglementation qui cherchent à fournir aux communautés qu’ils desservent les informations dont elles ont besoin auraient plutôt avantage à employer des affichages géospatiaux qui présentent les informations de manière claire et directe. Grâce à une solution cartographique, nul besoin pour les utilisateurs de parcourir des listes de milliers d’enregistrements. Ils pourront visualiser facilement les endroits où ils doivent se rendre pour obtenir des soins. Et il va de soi qu’obtenir des soins très urgents est de la plus haute importance en cas de pandémie.

Malgré le confinement, les gens ont toujours besoin d’avoir accès à des soins, plus particulièrement à des soins très urgents. Les organismes de réglementation attendent de leurs membres professionnels qu’ils soient disponibles et prêts à intervenir. Comme le montrent ces exemples, des données et des solutions limitées sont déjà accessibles au public. Avec un peu de contexte géospatial et de créativité dans la recherche de solutions novatrices, il serait possible de produire un grand volume d’informations conviviales et pertinentes.

Sécurité publique

Il existe de nombreux organismes de réglementation qui gèrent collectivement différents aspects de la société pour assurer la sécurité des citoyens. Le moment de la pandémie au Canada coïncide avec celui où, dans certaines régions, des incendies de forêt sévissent habituellement chaque année.

Des organismes de réglementation ont été mis sur pied précisément pour gérer ces incendies et intervenir, le cas échéant. Certains ont rapidement utilisé des outils géospatiaux pour fournir des informations aux citoyens. Prenons l’exemple de l’Alberta où, heureusement, les incendies de forêt printaniers n’ont pas causé de ravage jusqu’à présent. Cette situation s’explique en partie par les efforts concertés déployés pour réduire au minimum les activités humaines qui sont parfois la cause d’incendies de forêt dans des zones où ceux-ci sont généralement problématiques.

L’application Alberta Fire Bans, un projet d’Alberta Parks, permet aux Albertains de voir facilement si les feux de récréation sont autorisés à proximité de chez eux. Ils peuvent ainsi contribuer à prévenir les incendies de forêt. L’application tire profit de la technologie d’Esri pour afficher les endroits visés par des alertes, des restrictions et des interdictions dans toute la province.

En raison de la COVID-19, des mesures de confinement ont été instaurées. Pour pouvoir intervenir en cas d’incendie de forêt, il faudrait lever les restrictions sur la distanciation sociale, ce qui exposerait les personnes concernées à un double risque : le coronavirus et l’incendie. Les cartes interactives en ligne, comme l’application Alberta Fire Bans créée par Alberta Parks, offrent la tranquillité d’esprit aux citoyens. Jusqu’à présent, ces solutions ont permis de limiter très efficacement les risques posés par d’autres événements de sécurité publique pendant la pandémie.

En résumé

L’utilisation répandue de technologies et d’outils géospatiaux par certains organismes de réglementation, non seulement pour s’attaquer de front à la pandémie, mais aussi pour contribuer à la sécurité et à la santé des citoyens, servira de modèle à d’autres organismes à l’avenir.

En temps normal, l’utilisation de technologies de veille géographique est très répandue, et ses avantages sont généralement bien connus. Les exemples donnés ont également montré à quel point l’utilisation de ces technologies tout au long de la pandémie par les organismes de réglementation peut s’avérer utile lorsque les choses ne se déroulent pas tout à fait normalement.

Pour en savoir plus sur les avantages stratégiques des données de localisation pendant la pandémie, veuillez lire notre billet de blogue intitulé « Comment une meilleure veille géographique peut aider les entreprises à faire face à la COVID-19 ».

Ce billet a été écrit en anglais par Kelsey Davis et peut être consulté ici.