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Pourquoi le partage de données géospatiales est-il si important?

Vous pouvez partager vos données géospatiales pour de nombreuses raisons, par exemple pour permettre à d’autres personnes de les utiliser ou pour réduire la collecte de données en double. Mais avez-vous déjà pensé à les partager simplement pour contribuer à l’interopérabilité des données? Lorsque vous publiez vos données, les gens peuvent voir de quelle façon vous les avez définies, et utiliseront peut-être le même modèle et les mêmes définitions de données que vous.

J’ai récemment assisté à la journée INNOVATION en géomatique de Ressources naturelles Canada (RNCan) à Sherbrooke. Les présentateurs y ont discuté de la cartographie des eaux de surface. Leurs exposés portaient notamment sur la collecte de données au sujet de l’eau, la détermination et la cartographie des plans d’eau, ainsi que l’utilisation et l’analyse des données recueillies aux fins de prise de décisions. J’ai personnellement trouvé l’événement et les exposés très utiles.

L’un des premiers exposés a été donné par le chef d’un groupe de travail international chargé d’harmoniser les données hydrographiques relatives à la frontière entre le Canada et les États-Unis. Cette tâche nécessite la collaboration des gouvernements des deux pays, en plus de celle des provinces, des territoires et des États. Les éléments qui déterminent habituellement l’interopérabilité, comme les normes de collecte et les modèles de données, diffèrent d’une nation à l’autre. Les deux pays ont des données, mais celles-ci ne sont pas (encore) interopérables en vue de la visualisation et de l’analyse hydrographiques transfrontalières. Ce groupe de travail international s’affaire à harmoniser les données, un bassin hydrographique à la fois, ce qui signifie que de nouvelles normes et de nouveaux attributs et modèles de données pour ces régions sont créés et utilisés.

Bassins hydrographiques à la frontière entre le Canada et les États-Unis (Source : Veiller sur nos eaux transfrontalières d’un océan à l’autre, Commission mixte internationale)

Il y a également eu un exposé intéressant à propos du programme national StreamStats du USGS qui expliquait comment sont recueillies, traitées et publiées les données sur les cours d’eau aux États-Unis. D’autres exposés étaient axés sur l’analyse de la qualité de l’eau, l’utilisation des données sur l’eau afin de délimiter les zones inondables dans les villes et le recours aux données RADARSAT pour la cartographie automatisée des eaux de surface en temps réel. Par ailleurs, il y a eu des exposés sur le projet de délimitation des bassins des Services hydrologiques nationaux du Canada et sur l’état du Réseau hydro national de RNCan.

Quel est le lien entre ces travaux et ces exposés et le partage de données? Sur les fonds de carte, l’eau de surface représente les ruisseaux, les rivières et les lacs. Il n’est pas surprenant que beaucoup de gens aient rencontré les mêmes problèmes que la communauté des fonds de carte a éprouvés il y a de nombreuses années. Ces problèmes peuvent se résumer par deux principales préoccupations ainsi que les principes connexes.

  • La première préoccupation se rapporte à la méthode de collecte de données et à la norme de définition de données.
    Principe 1 : Si deux organisations (ou plus) recueillent de manière indépendante les mêmes types de données géospatiales ou presque, les données ne seront pratiquement jamais facilement interopérables.
  • La seconde préoccupation concerne le partage de données.
    Principe 2 : Bien que la technologie des infrastructures de données spatiales (IDS) soit accessible depuis des années, bon nombre d’organisations centrées sur elles-mêmes n’utilisent pas cette technologie pour partager des données avec la communauté externe.

Examinons de plus près ces deux préoccupations et les principes connexes.

Voyons d’abord le problème de la définition de données. Lorsque vous recueillez n’importe quel type de données spatiales – que ce soit sur l’eau, les routes, le sol ou les forêts –, vous devez le faire en fonction des besoins de votre organisation et de l’utilisation qu’elle prévoit en faire. Il s’agit de votre raison principale pour la collecte et la mise à jour des données. Il est également important d’envisager qu’il pourrait y avoir d’autres utilisations de ces données en aval. Il est question ici des utilisations secondaires ou supplémentaires des données. Cependant, même si vous recueillez et stockez des données en vue d’élargir au maximum leur champ d’application, il se peut qu’elles ne soient pas interopérables. Ce problème s’explique par le fait qu’une organisation dans un territoire voisin pourrait recueillir des données identiques ou semblables selon des normes assez différentes étant donné que les deux territoires travaillent indépendamment l’un de l’autre.

Par exemple, j’ai vu des cas de collecte de données sur la qualité de l’eau par des organisations comparables qui faisaient un excellent travail chacune de leur côté. Toutefois, la première organisation recueillait ses données sous forme de mesure précise, la seconde en tant que pourcentage, et la troisième effectuait des analyses chimiques de la qualité de l’eau. Comme vous pouvez l’imaginer, lorsque ces trois organisations ont tenté d’intégrer leurs données dans l’ensemble du territoire, la tâche s’est révélée impossible. Un autre exemple de manque d’interopérabilité concerne les différents systèmes de classement des routes utilisés par les provinces, qui compliquent la création d’un classement national.

Quelle est donc la solution pour normaliser en quelque sorte les diverses définitions de données spatiales à l’échelle du Canada afin de les rendre interopérables? Eh bien, cette tâche est très difficile. Tout d’abord, les experts en la matière doivent convenir d’un ensemble commun de classes et d’attributs. Ensuite, les organisations doivent adhérer aux nouvelles définitions de données et les mettre en œuvre. Enfin, l’inertie des organisations entraîne des retards dans la mise en œuvre. Je ne dis pas que la tâche sera facile, mais si nous ne commençons pas maintenant, il nous faudra encore plus de temps et d’efforts plus tard.

Ces cartes illustrent la frontière provinciale entre l’Alberta et la Saskatchewan. La carte de gauche montre plusieurs routes qui changent de type à la frontière. Ce changement est dû à la différence entre les définitions de types de routes, mais en réalité, la route reste inchangée à la frontière. La carte de droite montre le même secteur en fonction de définitions de types de routes communes.

Le deuxième principe d’interopérabilité est le recours à la technologie des IDS pour le partage de données. Il implique la publication des données de votre organisation afin que d’autres personnes puissent les chercher, les trouver, les télécharger et les utiliser. Une IDS augmente la visibilité de vos données. Vous pouvez tout simplement envoyer par courriel le fichier de données au territoire voisin, mais cette façon de procéder ne le rend pas public. Elle ne permet pas non plus à d’autres personnes de s’en servir à des fins secondaires ni d’utiliser vos définitions de données en tant que pratique exemplaire, ce qui leur permettrait de commencer à recueillir des données sur leur territoire à l’aide des mêmes définitions de données, voire du même modèle de données.

Votre organisation n’a pas besoin de faire un gros investissement pour utiliser une IDS. Il lui suffit de publier ses données sur ArcGIS Online sous forme de service d’entités. Si la couche est publique et que son auteur a permis aux gens de l’exporter, il est possible de la chercher, de l’examiner, de l’utiliser sur des cartes et de la télécharger. Une telle approche fondée sur une IDS permet aux gens d’utiliser vos données et peut-être même de façonner les leurs de manière semblable.

Pourquoi le partage de données est-il si important? Si vous partagez vos données, d’autres personnes pourront les intégrer à leurs cartes et à leurs analyses. Elles connaîtront aussi la nature, la structure, le modèle et d’autres aspects de vos données, ce qui est tout aussi important. Vous montrerez l’exemple à d’autres territoires, qui pourraient décider de recueillir leurs données au moyen d’une méthode semblable. Vous augmenterez ainsi l’interopérabilité de vos données au sein d’une plus grande région géographique. Partagez vos données géospatiales chaque fois que vous en avez l’occasion! Les avantages sont nombreux.