Skip to main content

Vue du Nord : Gestion des actifs — L’histoire ne s’arrête pas là

La gestion des actifs corporels est d’une grande importance pour les organisations. Mais qu’en est-il des actifs incorporels, qui sont tout aussi importants, peut-être même plus? Nous devons considérer nos systèmes d’information géographique comme le meilleur moyen d’acquérir des connaissances et une bonne compréhension des actifs, à la fois corporels et incorporels.

J’ai une confession à faire. Quand les gens de notre service de marketing m’ont présenté le thème de ce numéro d’ArcNorth News (la gestion des actifs), ma première réaction en a été une d’ennui.

Au cours des dernières années, le terme « gestion des actifs » est devenu synonyme d’inventaires de bornes d’incendie, de bancs de parcs, de poteaux électriques, etc. Les organisations utilisent les techniques et les technologies des SIG pour gérer ces biens « matériels » ou « corporels », c’est-à-dire les objets physiques situés dans leur ville, leur village, leur territoire ou ailleurs.

Appliquer les SIG à la gestion des biens matériels permet aux organisations d’aller bien au-delà des simples inventaires et documents financiers. Il existe toutes sortes de ressources qui expliquent les différents types d’analyse que permettent les SIG pour mieux comprendre le cycle de vie des actifs et leur rendement. De plus, la géographie elle-même (l’emplacement d’un actif) peut être utilisée pour mieux comprendre les liens et les interactions entre différents actifs.

D’où mon manque d’enthousiasme initial. N’est-ce pas là de l’histoire ancienne?

Quand j’ai commencé à réfléchir à ce que c’est exactement qu’un « actif », deux choses me sont venues à l’esprit. Tout d’abord, les pratiques liées aux SIG permettent bien sûr de gérer des « actifs corporels », mais qu’en est-il des « actifs incorporels »? Ensuite, de la même manière que les inventaires d’actifs bénéficient de l’analyse et de The Science of Where qu’offrent les SIG, ces derniers pourraient-ils s’inspirer de la rigueur que j’observe souvent dans les systèmes d’inventaire des actifs purs?

Attaquons-nous à la première idée.

Il est possible de considérer bien des éléments que nous gérons et analysons dans un SIG comme des actifs incorporels. Ces derniers ne diffèrent en rien des actifs corporels, hormis le fait qu’il ne s’agit pas d’entités physiques dénombrables. Il s’agit plutôt des caractéristiques démographiques d’un territoire de recensement ou d’un quartier ou de la valeur et de l’utilité d’une propriété, par exemple.

La plupart des spécialistes des SIG, dont moi-même, ont tendance à considérer la « valeur » comme un attribut d’une entité. On dit par exemple que « ce secteur de recensement a un revenu moyen de X $ » ou que « cette propriété a une valeur imposable de Y $ ». Et si nous considérions ces « attributs » comme des « actifs »? Parce que nous pensons en termes d’attributs et non d’actifs, les spécialistes des SIG ont tendance à se concentrer davantage sur la géométrie. Nous nous laissons distraire par l’exactitude des emplacements et le décalage des systèmes de référence. Nous considérons les limites d’une parcelle comme un actif. Après tout, pour nous, c’est ce qui se rapproche le plus d’une entité physique.

Faisons-nous erreur? Si nous parlions au propriétaire d’une parcelle ou aux représentants élus, j’ai l’impression qu’ils voudraient plutôt connaître sa véritable valeur imposable. « L’actif » qu’ils souhaitent comprendre est la valeur imposable de la parcelle. Ils se soucient peut-être aussi davantage de savoir qui finance les écoles publiques et séparées, ou de connaître le nombre d’enfants d’âge scolaire. Ce sont là les « actifs incorporels » qui intéressent les administrations. Il arrive souvent que les actifs incorporels servent de point de départ pour la gestion des actifs corporels d’une communauté. Si cette dernière accorde beaucoup de valeur à l’éducation (incorporel), elle investira dans les écoles, les bibliothèques et les centres d’apprentissage (corporel).

En considérant à la fois les actifs corporels et incorporels comme essentiels au fonctionnement de toute organisation, nous accordons une plus grande importance aux données des SIG et les rattachons aux flux de travaux critiques pour les entreprises. En mettant de l’avant les précieux actifs incorporels dans nos SIG, nous pouvons bien plus facilement produire des analyses et des visualisations qui créent de la valeur pour les entreprises. 

À titre d’exemple : vous êtes-vous déjà demandé pourquoi des outils non (ou peu) fondés sur les SIG comme Operations Dashboard et Survey123 for ArcGIS sont si populaires? Les cartes sont bien souvent secondaires dans ces applications... Une véritable hérésie!

Eh bien, ces outils sont populaires parce qu’ils mettent les actifs incorporels à l’avant-plan. Les cartes et les SIG sont toujours aussi importants. Les SIG ont de l’importance parce qu’en visualisant les données sous forme de cartes, les organisations ont une meilleure compréhension de leurs actifs. Elles ont ainsi un meilleur portrait de la situation.

Cela m’amène à la deuxième leçon que nous pouvons tirer de ces réflexions. Revenons un instant aux actifs corporels : les organisations qui gèrent des bornes d’incendie ou des poteaux électriques le font précisément parce que ces actifs sont essentiels à leur bon fonctionnement. Si nous utilisons les SIG pour examiner en profondeur les actifs incorporels d’une organisation, nous mettons cette technologie au service de ce qui compte vraiment pour elle.

Je constate trop souvent que les organisations adoptent une approche financière pour gérer leurs actifs. On croit que, parce qu’un bien matériel coûte de l’argent, c’est sa valeur monétaire qui est importante. Elle devient donc le point d’ancrage du système de gestion des actifs. Bien que l’argent soit important, une approche purement financière de la gestion des actifs ne tient pas compte de la valeur fondamentale des actifs incorporels et de l’emplacement. À l’inverse, un inventaire purement cartographique des actifs raterait la cible, puisqu’il ne tiendrait compte lui aussi que d’un seul aspect (« Cette borne d’incendie se trouve ici »), au centimètre près.

Nous devons combiner ces approches et considérer nos systèmes d’information géographique comme le meilleur moyen d’acquérir des connaissances et une bonne compréhension des actifs, à la fois corporels et incorporels. Je ne dis pas que l’exactitude et l’intégrité spatiale ne sont pas importantes. Elles le sont. Mais elles ne sont pas l’objectif ultime. Un emplacement précis est une des facettes des actifs, à la fois corporels et incorporels, de votre organisation. Les SIG ont le pouvoir de regrouper tous ces actifs en un seul outil.

Pour gérer vos actifs, il ne suffit pas de faire l’inventaire de vos possessions. Vous devez également comprendre vos actifs, connaître leur valeur non seulement d’un point de vue monétaire, mais également leur valeur fondamentale pour l’organisation. Ne nous demandons pas : « Combien ça coûte? », mais bien : « Combien ça vaut? ».

Cet article a d’abord été publié en anglais dans le numéro du printemps 2018 d’ArcNorth News.

À propos de l’auteur(e)

Chris North is the Director of Technology Adoption for Esri Canada. With over 20 years of experience in geomatics, Chris is an accomplished GIS professional who brings an in-depth understanding of enterprise GIS and technology trends to the company. He has a master's degree in GIS from the University of Edinburgh, Scotland, and an undergraduate degree in geography from Queen's University in Kingston, Ontario. Chris is also a graduate of the Cartography Program at Sir Sandford Fleming College, Ontario. He is the recipient of several industry awards and continues to be involved with many industry groups.

Profile Photo of Chris North