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Le code source libre est-il la solution?

Vous vous demandez peut-être si le code source libre est la solution à votre problème. Mais ce problème, quel est-il? Voici mes réflexions sur une exploration du monde du code source libre.

« En temps de crise, les sages construisent des ponts et les idiots construisent des barrages. »

– vieux proverbe nigérian

Récemment, les organisateurs de l’événement BeSpatial d’URISA-OC à Toronto m’ont gracieusement donné l’occasion de prendre la parole en séance plénière d’ouverture. En planifiant mon exposé, j’ai passé en revue la liste habituelle de sujets potentiels sur l’orientation des SIG, les nouvelles technologies et approches intéressantes et les nouvelles applications stimulantes des SIG. Pourtant, en regardant l’ordre du jour, j’ai vu que les séances prévues et les divers documents couvraient déjà ce genre de choses. Aussi, j’ai constaté qu’il y avait beaucoup de séances sur les technologies de code source libre dans les SIG.

Cela m’a fait réfléchir. La plupart des gens ne s’en rendent pas compte, mais Esri est un grand partisan des technologies de code source libre. Je vois d’ici le doute sur certains visages. Pourtant, c’est vrai. La plupart des gens ont une vision très simpliste et préjudiciable du mouvement de code source libre, en mettant simplement en opposition « logiciel libre » et « logiciel commercial ». En vérité, la distinction est beaucoup plus floue que les partisans convaincus veulent le faire croire.

Voyez-vous, chaque client d’Esri dispose d’au moins une part de technologies en code source libre dans le déploiement de son SIG. Comment puis-je en être certain? Parce qu’Esri leur a fait une place. Pour un développeur de logiciels, de nombreuses technologies en code source libre fonctionnent très bien comme composants fondamentaux d’un produit ou d’une solution. Dans le cas d’Esri, même la version la plus élémentaire d’ArcGIS Desktop (ArcMap ou ArcGIS Pro) contient Python. Nous utilisons Python pour le géotraitement et l’analyse, ainsi que pour l’automatisation et la publication de cartes et de données. Et savez-vous quoi? Python est une technologie de code source libre, et Esri la livre avec ses produits.

Mais il n’y a pas que Python. ArcGIS Enterprise comprend PostgreSQL au cœur de son entrepôt de données hébergées ainsi que Jupyter Notebooks, pour ne citer que quelques exemples. Ceux qui veulent explorer en détail la façon dont Esri exploite les technologies de code source libre peuvent consulter un excellent document d’attestation d’utilisation de logiciels, ici. Pourquoi ces composants font-ils partie d’ArcGIS? Parce qu’ils ouvrent de nouvelles possibilités pour la plateforme ArcGIS, afin d’étendre les champs d’action des utilisateurs avec leur SIG.

Non seulement nous utilisons les technologies de code source libre, mais nous contribuons également à plusieurs projets dans ce domaine. Une étude récente indique qu’Esri se classe actuellement au 24e rang mondial quant au nombre d’employés qui contribuent à des projets de code source libre, dans une liste comprenant des géants tels que Microsoft et Google (respectivement no 1 et no 2).

Parmi les projets les plus intéressants de la communauté du code source libre (selon moi) auxquels Esri contribue, mentionnons le serveur de métadonnées GeoPortal, le moteur ETL Koop et Esri-Leaflet. N’oublions pas que l’ensemble du code source d’ArcGIS StoryMaps et des modèles d’applications sont dans le domaine public. Il est donc très facile de prendre le code d’Esri, de le modifier et de l’enrichir selon vos besoins. Encore une fois, les enthousiastes peuvent jeter un coup d’œil à tout ce qui est offert dans la section d’Esri consacrée à GitHub.

Malgré tout cela, certaines personnes veulent conserver cette vision du bras de fer entre le « code source libre » et les « produits prêts à l’emploi ». Je trouve cette position contre-productive. Pire encore, les décisions prises en adoptant ce point de vue trop simpliste peuvent même nuire à la valeur de votre SIG. Laissez-moi vous expliquer.

Comme le dit l’adage, « quand on n’a qu’un marteau, tout ressemble à un clou ». C’est tellement vrai pour les SIG. Si certaines technologies de code source libre comme Python et Jupyter élargissent l’horizon de nos activités SIG, d’autres sont de véritables freins. Si les organisations sont à la recherche d’un paradigme technologique (solution commerciale, code source libre ou développement à l’interne) qui ne fait qu’imiter et préserver ce que nous avons et faisons déjà, alors il est impossible d’assurer la croissance d’un SIG. Il est impossible d’atteindre de nouveaux utilisateurs et de nouvelles applications.

Voici la grande ironie : en considérant uniquement les outils « gratuits » pour remplacer ce que vous utilisez aujourd’hui, vous courez le risque de réduire la valeur de votre SIG. Ainsi, lorsque vous êtes à la recherche d’une nouvelle technologie (n’importe quelle technologie provenant de n’importe quelle source), posez-vous plutôt les questions ci-dessous.

La technologie fait-elle ce qui suit :

  • Offrir de nouvelles fonctionnalités

  • Vous aider à atteindre un nouveau public

  • Livrer des résultats plus efficacement

  • Soutenir les objectifs de l’organisation

Ensuite, posez-vous quelques questions simples :

  • Est-ce que je ne fais que maintenir les gens occupés?

  • À qui est-ce utile?

  • Est-ce que je ne fais que remplacer quelque chose que j’ai déjà?

Au début de cet article, j’ai cité un vieux proverbe nigérian (oui, il a été paraphrasé dans Black Panther). Je pense qu’il porte une vérité. Je ne pense pas que l’industrie des SIG est en crise, mais je pense que nous sommes à la croisée des chemins. Je crois aussi que nous devrions étendre la portée des SIG dans de nouveaux domaines plutôt que de nous replier sur notre petit monde. Tirons parti des technologies, à code source libre ou non, qui nous permettent de faire de nouvelles choses et d’atteindre de nouveaux publics, et pas seulement de maintenir le statu quo.

Ce billet a été écrit en anglais par Chris North et peut être consulté ici.