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Cinq idées sur l’urbanisme en contexte de pandémie

Compte tenu des trous budgétaires creusés par la COVID-19, les villes devront soigneusement réfléchir à la manière dont elles affectent leurs ressources. Cet article présente cinq idées de façons dont les urbanistes peuvent gérer les défis posés par la COVID-19, et même saisir de nouvelles occasions.



1. Des projets d’infrastructure pour stimuler la relance économique

Le groupe de travail de crise de l’Institut C.D. Howe est composé d’experts sectoriels et d’économistes, et est coprésidé par Jeanette Patell, vice-présidente des affaires gouvernementales et des politiques de GE au Canada, et par Dwight Duncan, ancien ministre des Finances de l’Ontario et conseiller stratégique principal chez McMillan S.E.N.C.R.L. Comme le révèle Building.ca, le groupe a récemment publié un rapport qui suggère que le gouvernement fédéral peut aider à relancer l’économie en accélérant des projets d’infrastructure qui permettent d’accroître la productivité. Voici certaines mesures proposées dans le rapport :

  • S’attaquer aux retards dans les travaux d’entretien : Les mesures de relance devraient servir à accélérer les dépenses d’infrastructure, notamment afin de s’attaquer aux retards dans les travaux d’entretien des infrastructures publiques vieillissantes (p. ex., réparer des ponts et des infrastructures hydrauliques linéaires). Ces projets peuvent contribuer à stimuler la demande globale en prévision d’une période difficile.
  • Mener une analyse stratégique nationale : Le rapport suggère qu’une analyse stratégique nationale permettrait de cibler les investissements dans les infrastructures qui contribueraient au bien-être social et à la croissance économique à long terme, surtout dans le contexte des changements climatiques.
  • Mettre en place des facilités de garantie pour « débiteur-exploitant » : Pour limiter les conséquences d’une éventuelle vague d’insolvabilité et de liquidations si les prêteurs traditionnels « débiteur-exploitant » sont dépassés, des facilités de garantie pour le financement du débiteur-exploitant doivent être mises en place.
  • Établir des calendriers de temporarisation et des plans en cas de deuxième vague : Alors que l’économie reprend graduellement, le gouvernement doit évaluer les coûts associés au confinement par rapport au risque de transmission dans certaines professions et industries en prévision d’une deuxième vague.

2. Se concentrer sur les populations vulnérables

Dans un article récent, l’Institut des planificateurs professionnels de l’Ontario suggère que les planificateurs devraient être sensibilisés au fait que la pandémie touche de manière disproportionnée les populations vulnérables, afin d’en tenir compte dans leurs projets. Par exemple, les personnes qui dépendent des transports en commun pour se déplacer, qui vivent dans des espaces densément peuplés et qui occupent des emplois en première ligne, comme le personnel soignant ou les livreurs, sont plus à risque que celles qui peuvent travailler à distance. L’article révèle que diverses pratiques en matière d’urbanisme et d’architecture qui privilégient l’« efficacité » (occupation optimale de l’espace, place de l’automobile par rapport aux piétons et aux cyclistes, faible importance accordée aux services sociaux) pourraient se retourner contre nous. Les auteurs suggèrent que les planificateurs devraient placer l’humain au centre de leur planification, en réfléchissant à la manière dont les espaces sont accessibles et utilisés, en particulier par les plus vulnérables.

3. Faciliter la collecte en bordure de trottoir pour favoriser la distanciation

Dans la nouvelle réalité de la pandémie, certaines entreprises ont opté pour la collecte d’achats en bordure de trottoir pour continuer leurs activités, tout en assurant la sécurité de leurs clients. C’est une réalité à laquelle les villes et les urbanistes devront s’adapter. La Ville de Toronto, par exemple, a mis en place l’ initiative CurbTO afin d’aider les entreprises, les services et les organismes communautaires à promouvoir l’éloignement physique. Les urbanistes peuvent réfléchir à la manière dont les espaces existants, tels que les stationnements sous-utilisés, peuvent être reconvertis en sites d’activités commerciales.

4. Densité n’est pas toujours synonyme d’ennemi

Étant donné l’obligation de maintenir une distance sociale, on pourrait croire que la COVID-19 se répand beaucoup plus rapidement dans les villes à forte densité de population. Toutefois, ce n’est pas forcément le cas. Comme l’a fait remarquer Patrick Condon, professeur à l’école d’architecture de l’université de Colombie-Britannique, dans une entrevue avec CBC, les taux de COVID-19 sont en fait plus faibles dans les condominiums du centre de Toronto et de Vancouver, où la densité de population est élevée, que dans les zones environnantes moins populeuses. Il en va de même pour New York : les quartiers les plus touchés ont été ceux des arrondissements périphériques où la densité de population est relativement plus faible, comme Queens et Brooklyn, plutôt que Manhattan. Cette situation s’explique principalement comme suit : les résidents des quartiers cossus à forte densité peuvent souvent se permettre de travailler à la maison, alors que ceux des régions périphériques à faible densité ne le font généralement pas. Et c’est sans compter qu’ils dépendent de manière disproportionnée des transports en commun pour se rendre au travail, ce qui les expose à davantage de risques.

5. Garantir la sécurité des déplacements

Comme nous l’avons vu, de nombreuses personnes qui ne peuvent pas travailler à la maison dépendent encore des transports en commun pour se rendre au travail et en revenir. À mesure que les gouvernements et les entreprises assoupliront les restrictions, le nombre d’usagers augmentera probablement, car de plus en plus de personnes recommenceront à utiliser les transports en commun. Par conséquent, les villes, les sociétés de transport et les urbanistes devront réfléchir à la manière dont ils peuvent offrir un transport en commun efficace tout en réduisant la propagation de la COVID-19.

Certaines organisations, telles que la Société de transport de Montréal, exigeront que les usagers portent un masque lorsqu’ils utilisent leur système. Pour faciliter l’application de cette politique, la Société de transport de Montréal fournira des masques aux usagers. Les urbanistes peuvent collaborer avec les sociétés de transport en commun pour élaborer des stratégies visant à assurer la sécurité des usagers tout en maintenant ce service essentiel. Par exemple, on pourrait augmenter la fréquence des trajets qui donnent accès aux épiceries et aux services sociaux, ainsi que privilégier le nettoyage des véhicules utilisés à cet effet.

Rassembler le tout

Comme le montrent les perspectives évoquées ci-dessus, les urbanistes devront prendre en compte de nombreux éléments pour établir des priorités et les gérer. Ils seront appelés à élaborer des scénarios et à justifier des stratégies. Pour qu’ils puissent le faire efficacement, il serait avantageux pour eux de disposer de renseignements pertinents, opportuns et précis. Les urbanistes peuvent utiliser les données ouvertes sur la COVID-19 d’Esri Canada pour connaître l’emplacement et l’état des établissements de santé, des services de gestion des urgences et des infrastructures, ainsi que se renseigner sur la démographie, etc. En outre, les utilisateurs d’ArcGIS Insights peuvent effectuer des analyses pour orienter la prise de décisions (comme montré ici). Enfin, les utilisateurs d’ArcGIS Urban peuvent utiliser les entités et fonctionnalités de la solution, notamment les capacités d’analyse et de simulation de scénarios, pour orienter et élaborer leur planification.

Ce billet a été écrit en anglais par Josh Triantafilou et peut être consulté ici.