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L’adaptation, thème de prédilection de Julia Landry, formatrice au Collège de l’Arctique du Nunavut

Enseigner les SIG dans le nord du Canada peut être à la fois difficile et gratifiant, en particulier lorsque l’on est soi-même novice en la matière, comme l’était Julia Landry à ses débuts en tant que formatrice dans le programme de technologie environnementale au Collège de l’Arctique du Nunavut. Apprenez-en plus sur ses expériences et ses objectifs en tant que formatrice.

La dernière année scolaire a été difficile pour le milieu de l’enseignement. Les élèves et les enseignants de la maternelle à la 12e année ont dû combiner l’apprentissage en ligne et en classe ainsi que gérer des fermetures complètes d’écoles. De plus, la plupart des collèges et des universités du Canada n’ont offert que des programmes en ligne. Les formateurs ont dû trouver des moyens d’adapter le matériel de leurs cours – et leurs styles d’enseignement – pour assurer la participation des élèves dispersés, sans oublier qu’ils se trouvaient souvent dans des environnements d’apprentissage moins qu’idéaux et qu’ils commençaient probablement à souffrir de la « fatigue Zoom ».

Les environnements d’enseignement difficiles n’ont rien de nouveau pour Julia Landry, qui est formatrice pour le programme de technologie environnementale (PTE) de deux ans offert par le Collège de l’Arctique du Nunavut : « Être enseignante au Nunavut est très gratifiant, mais ça s’accompagne de petits et de grands défis. La connectivité n’est pas stable dans le Nord, ce qui entraîne des répercussions graves sur l’accessibilité de l’éducation. Même la lecture vidéo en continu est limitée! Parmi les défis plus importants que je rencontre en tant que formatrice non autochtone en terre inuit, on retrouve le travail continu de ‘‘décolonisation’’ de mon état d’esprit et de ma salle de classe afin de créer un environnement accueillant et stimulant pour les étudiants. »

Le PTE intègre le Qaujimajatuqangit inuit (QI) – le savoir traditionnel inuit – de diverses façons. Ce programme vise aussi à aider les étudiants à acquérir plus que de simples compétences techniques. Comme l’explique Julia, « le renforcement de la résilience et de la faculté d’adaptation est une part intégrante du programme, car il s’agit de capacités essentielles pour faire face à des tragédies et aux difficultés du quotidien. Nous organisons régulièrement des excursions pour développer les compétences en matière d’orientation et de navigation ainsi que favoriser proactivement la santé mentale des élèves et du personnel. Je pense que les SIG et la cartographie peuvent jouer un rôle dans la réappropriation et l’identité culturelles en raison de la puissance de la représentation cartographique, en ce sens que le contrôle des terres et des ressources émane souvent d’un tracé sur une carte. Guider les élèves à travers ces connaissances et ces outils est un pas de plus vers l’autodétermination des Inuits dans un paysage qui évolue rapidement. »

Des élèves en technologie environnementale, au travail dans une salle de classe du Collège de l’Arctique du Nunavut. Certaines des cartes qu’ils ont créées sont affichées au mur.

Des élèves en technologie environnementale au Collège de l’Arctique du Nunavut.

Auparavant professeur de sciences au secondaire dans deux communautés du Nunavut, Julia enseigne au collège depuis trois ans. Elle participe aux programmes de STIM de l’établissement d’enseignement, présentés dans le bulletin de février du Collège de l’Arctique du Nunavut à l’occasion d’un article sur la Journée internationale des femmes et des filles de science. Elle décrit le PTE comme un programme « petit mais puissant, comptant environ 20 à 25 élèves ». Julia et ses collègues formateurs doivent se montrer extrêmement polyvalents, aptes à enseigner un large éventail de cours et capables de diriger des camps d’une semaine sur le terrain. Sa charge de cours comprend le droit environnemental, l’écologie arctique, un cours de limnologie sur le terrain et les SIG.

Bien qu’elle soit maintenant très à l’aise avec la technologie, l’expérience de Julia avec les SIG était d’abord limitée. En effet, elle admet qu’à ses débuts avec le PTE, l’idée d’enseigner une matière qui lui était peu familière l’intimidait. Elle s’est donc appuyée sur du matériel didactique structuré pour guider ses élèves à travers les tutoriels. Le cours sur les SIG est devenu l’un des ceux qu’elle préfère enseigner. « Je me souviens du sentiment de satisfaction éprouvé quand j’ai imprimé ma première carte en couleur à partir d’ArcMap, une expérience que chacun de mes élèves partage durant le cours. »

« Un jour, je me fixerai l’objectif d’intégrer le savoir traditionnel inuit (ou QI) dans les logiciels de cartographie d’Esri. Mes propres compétences en sont encore à un stade trop précoce pour être en mesure de l’atteindre. J’encourage donc mes élèves à rêver de cartes qu’ils aimeraient voir réalisées, qui incorporeraient le savoir traditionnel inuit et donneraient des réponses sur les itinéraires de voyage traditionnels, les lieux de chasse du caribou et l’utilisation de sites de campement par les Inuits au cours des millénaires. Il existe d’excellentes cartes qui sont créées et distribuées par le Inuit Heritage Trust et qui présentent des noms de lieux traditionnels en inuktitut que nous examinons dans notre cours. »

En plus de celui sur les SIG, Julia donne un cours sur l’utilisation des cartes et l’orientation, qui « sert de base pour développer le raisonnement spatial, les compétences en matière de GPS et les pratiques traditionnelles de navigation des Inuits, de sorte que les élèves entrent dans le monde des SIG avec une solide compréhension des concepts cartographiques et soient en mesure de vraiment maîtriser ArcGIS en peu de temps. »

Julia voit tout le potentiel des SIG web et d’applications comme ArcGIS StoryMaps comme outils d’enseignement. « Cette année, j’ai commencé à explorer et à créer des cartes récits que j’espère intégrer comme outils de présentation dans mes cours. Et je ne parle pas nécessairement des cours sur les SIG, car on peut appliquer ces outils à n’importe quel domaine à composante géographique, comme l’écologie arctique, par exemple. Toutefois, nos cours se divisent en modules, ce qui signifie que nous avons beaucoup de choses à couvrir en seulement trois semaines! Ce n’est pas toujours assez de temps pour englober à la fois le contenu essentiel et les détails intéressants. Je dois donc faire preuve de créativité dans mes façons de faire.

« Le thème de l’adaptation occupe une place prépondérante dans ma réalité d’enseignante dans le Nord, que ce soit sur le plan du sujet de mes cours (biologie, écologie) que sur celui de mon parcours professionnel en ce contexte culturel particulier. Il y a tellement d’occasions incroyables ici, mais il faut être ouvert aux possibilités. Le temps que j’ai passé ici m’a permis de développer mes compétences pour ce qui est de parcourir le territoire (le Nuna), préparer des aliments locaux, coudre des vêtements et des équipements pour moi et ma famille, travailler avec un attelage de chiens, apprendre les bases de l’inuktitut et récolter des plantes et des champignons. Je suis à jamais une humble étudiante de cette terre, le Nuna! »

Julia Landry avec un chiot qu’elle élève pour son attelage de chiens.

Julia Landry avec un chiot qu’elle élève pour son attelage de chiens.

Ce billet a été écrit en anglais par Krista Amolins et peut être consulté ici.