Bâtir une communauté UNIE : calculer les possibilités de rencontres à l’aide de la technologie
En plein essor, la création d’espaces a le potentiel de stimuler les économies locales, d’améliorer la sécurité et l’accessibilité des quartiers, de contribuer à réduire la solitude et l’isolement social et de créer un climat de confiance tout en comblant le fossé entre les citoyens et les bâtisseurs de villes.
Au Canada, la crise du logement témoigne d’un besoin urgent de densifier un grand nombre de nos zones urbaines et d’augmenter le nombre d’unités construites. Mais comment s’assurer que nous bâtissons des communautés à la fois dynamiques, inclusives et complètes?
Qu’est-ce qu’une communauté?
Une communauté se définit généralement comme un groupe de personnes qui partagent des caractéristiques ou des intérêts communs. Ces groupes ont tous quelque chose en commun qui les unit, qu’il s’agisse de leurs valeurs, de leurs objectifs, de leurs intérêts ou de leur sentiment d’identité. Les membres se sentent appartenir à ces communautés, et leur appartenance à ces communautés définit certains aspects de leur identité en tant qu’individus (pensez à une communauté universitaire, une communauté religieuse, une communauté scientifique, etc.).
Il existe également un autre type de communauté qui se confond souvent avec les autres : la communauté géographique. C’est dans ce type de communauté qu’entrent en jeu les bâtisseurs de villes, qui en définissent la forme, la disposition et la fonction par le biais de politiques, de plans et de rapports. La principale caractéristique partagée entre les membres de ce type de communauté est la limite géographique à l’intérieur de laquelle ils vivent. Toutefois, cela ne garantit pas qu’ils aient d’autres valeurs ou objectifs en commun ou qu’ils possèdent une identité commune. Physiquement, ils font partie de la communauté, mais socialement, ils peuvent se sentir isolés les uns des autres. L’absence d’un sentiment de communauté peut entraver le sentiment d’appartenance des résidents et la création de liens sociaux, qui sont essentiels au développement naturel d’une communauté vivante et engagée.
City builders create geographic communities.
Le rythme de vie accéléré du XXIe siècle et le recours accru à la technologie ont fait obstacle à de nombreuses occasions pour les citoyens de s’engager de manière organique avec leur environnement et leurs voisins, comme l’ont fait les générations précédentes. Les piétons marchent jusqu’à 15 % plus vite et passent deux fois moins de temps à s’attarder dans les espaces publics qu’il y a 30 ans, selon une récente étude du MIT. L’isolement social et la solitude sont très répandus dans les communautés du monde entier, et le phénomène s’est accentué dans le sillage de la pandémie de COVID-19 (OMS, 2025). Ces facteurs influencent l’expérience qu’ont les citoyens de leur communauté ainsi que leur santé physique et mentale, leur qualité de vie et leur longévité.
L’isolement social et la solitude sont très répandus.
Construire des logements dans un lieu géographique et dire qu’il s’agit d’une communauté, c’est un début, mais ça ne s’arrête pas là. Construire des logements et créer des occasions de tisser de véritables liens sociaux, voilà ce qui jette les bases d’une communauté vivante et prospère. Les liens sociaux entre les habitants créent souvent un sentiment de valeurs et de responsabilités communes, en plus de favoriser des identités uniques qui font de ces quartiers des endroits exceptionnels où il fait bon vivre, travailler et se divertir.
Revitaliser l’espace public par la création d’espaces
Les quartiers, nouveaux comme anciens, peuvent appliquer les principes de la création d’espaces pour revitaliser leurs aires communautaires communes et encourager les liens sociaux. Cette approche communautaire s’appuie sur les actifs, l’inspiration et le potentiel locaux pour créer des espaces publics de qualité qui contribuent de manière positive à la santé, au bonheur et au bien-être de la population. L’engagement communautaire est au cœur de ce mouvement axé sur l’esthétique urbaine et l’amélioration du domaine public qui met en œuvre des stratégies de revitalisation à court et à long terme.
Les quartiers peuvent favoriser les liens sociaux.
À la fois une science et un art, la création de grands espaces publics repose sur quatre attributs selon Project for Public Spaces (PPS) : accessibilité par divers modes de transport; polyvalence d’utilisations et d’activités, rôle de lieu de rassemblement naturel favorisant la sociabilité; confort et présentation soignée. Pour déterminer le degré de réussite d’un espace public, il est possible d’en évaluer les attributs sur la base des mesures matérielles et immatérielles présentées dans le diagramme des lieux créé par PPS.
Améliorer les communautés grâce à la technologie
Comment les bâtisseurs de villes tirent-ils parti de la technologie pour créer des espaces publics et des communautés à la fois dynamiques et prospères, dotés d’une identité unique et de liens sociaux solides?
Les bâtisseurs de villes s’appuyent sur la technologie pour créer des espaces publics dynamiques.
Conception et infrastructure
En analysant les données relatives au trafic piétonnier, au comportement des utilisateurs, aux conditions environnementales et à d’autres facteurs, les urbanistes peuvent prendre des décisions de conception mieux informées lorsqu’il s’agit d’aménager ou de revitaliser les espaces publics dans les quartiers. Apprendre comment la communauté utilise ces espaces, quels groupes démographiques les fréquentent, et quand ces espaces sont actifs ou inactifs, peut aider à déterminer quelles améliorations technologiques intégrer aux infrastructures afin de les rendre plus fonctionnels, accessibles, inclusifs et sûrs pour tous les membres de la communauté.
L’utilisation d’outils d’analyse spatiale tels qu’ArcGIS permet aux urbanistes de visualiser et de cartographier les tendances dans les données ainsi que de faire ressortir les lacunes et les possibilités dans l’aménagement matériel plus rapidement et plus efficacement, comme l’a fait Surrey dans sa vision de ville du quart d’heure.
Participation, engagement et sensibilisation du public
La création d’espaces numériques offre la possibilité de sensibiliser les résidents et les visiteurs envers l’histoire ou l’identité d’une communauté. Des outils tels que la réalité augmentée peuvent améliorer la façon dont les citoyens interagissent avec l’art public, le patrimoine culturel ou les projets de développement et d’amélioration communautaire, en bonifiant l’expérience qu’offrent les espaces physiques.
ArcGIS Urban et City Engine sont des technologies puissantes qui présentent des scénarios de développement pour démontrer la croissance des communautés par la visualisation de modèles réalistes, comblant ainsi le fossé entre les urbanistes et le public en cultivant la confiance.
Liens au sein des communautés
La technologie peut également soutenir les communautés par le biais d’autres initiatives basées sur la localisation. Par exemple, certaines applications de quartier permettent aux citoyens de soumettre des demandes d’entretien communautaire avec des photos et des renseignements sur l’emplacement, comme l’application East Village Safe & Clean de Calgary. Ce type d’initiatives contribue à renforcer la fierté de la communauté et le partage des responsabilités, en permettant aux citoyens de façonner et de préserver l’identité de leur propre quartier.
Il est aussi possible de dépasser les frontières pour tisser des liens communautaires grâce à des projets de création d’espaces numériques comme le PORTAIL, une installation d’art public qui diffuse un flux vidéo direct et en temps réel entre des villes du monde entier pour favoriser les connexions interculturelles. Ces types d’initiatives contribuent non seulement à créer un sentiment d’appartenance, à servir d’installation artistique interactive et à encourager le tourisme, mais aussi à unifier différents groupes partout dans le monde en dépit de leurs limites géographiques.
Repérage intelligent de sites
Enfin, les bâtisseurs de villes exploitent la technologie pour sélectionner les sites de manière plus intelligente, ce qui leur permet de déterminer les emplacements clés pour bien relier les logements, les entreprises ou les possibilités de travail aux transports actifs et collectifs, en plus de proposer des agréments et utilités accessibles.
Des outils comme Ratio.City permettent aux urbanistes et aux promoteurs de relever ces occasions en quelques minutes pour faciliter la création de communautés bien connectées qui encouragent naturellement la socialisation et les rassemblements.
La création d’espaces induit un effet stimulant les économies locales.
En plein essor, la création d’espaces a le potentiel de stimuler les économies locales, d’améliorer la sécurité et l’accessibilité des quartiers, de contribuer à réduire la solitude et l’isolement social et de créer un climat de confiance tout en comblant le fossé entre les citoyens et les bâtisseurs de villes. L’exploitation de la technologie et de la visualisation des données lors de la construction de nouvelles communautés ou de l’agrandissement de communautés existantes aide à déceler des besoins communautaires qui autrement passeraient inaperçus, ainsi qu’à créer des possibilités de rencontres fortuites qui jetteront des bases solides pour les communautés prospères de l’avenir.
Regardez notre dernière séance sur la façon dont les outils numériques soutiennent un aménagement communautaire inclusif et fondé sur des données.
Ce billet a été écrit en anglais par Katerina Fedortsova et peut être consulté ici.