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Comment dénicher des occasions géospatiales dans votre organisation

S’il y a un problème bien connu dans l’industrie géospatiale, c’est que la culture spatiale n’est encore que peu répandue en dehors du domaine.

À part localiser un point d’intérêt ou chercher le chemin le plus court pour se rendre à une destination, les possibilités de la technologie géographique et géospatiale demeurent nébuleuses pour le commun des mortels. Les gens ne voient pas son potentiel pour régler divers problèmes, ce qui est regrettable.

La géographie est un domaine si vaste. Pratiquement n’importe quelle organisation peut tirer parti d’une meilleure compréhension de « l’espace ». Mais s’il faut un diplôme en géosciences pour comprendre la base de la pensée spatiale, la valeur de la technologie géographique et géospatiale ne pourra jamais progresser.

Imaginez qu’il existe un outil qui puisse aider – un outil qui comble le fossé entre les initiés et les non-initiés. Un outil simple, bien vulgarisé, pour aider toute personne à voir divers problèmes à travers le prisme de la géographie et à faire preuve d’innovation.

Dans cet article, je détaille le point de vue géospatial, un outil qui permet à tous de dénicher des occasions géospatiales facilement. Le voici :

Pour expliquer comment adopter le point de vue géospatial, prenons l’exemple d’une administration responsable d’élections municipales.

Exemple : élections municipales

L’organisation des élections est une tâche essentielle d’une administration municipale. En la matière, une bonne gestion est vitale pour garder la confiance des citoyens. Un processus bâclé peut entacher les relations publiques durablement. C’est pourquoi chaque ville doit en faire sa priorité. 

La gestion des élections municipales est une opération logistique complexe. Elle exige une supervision étroite de la technologie, des personnes, des installations et des ressources. Cependant, on peut généralement regrouper les activités principales connexes en quelques tâches essentielles : la gestion du processus électoral, du recensement, du jour des élections, du découpage des circonscriptions, du financement des campagnes et de la divulgation. 

Chaque tâche, ou capacité opérationnelle, joue un rôle fondamental dans la planification et l’administration des élections municipales. Cela dit, il est difficile de cerner des occasions concrètes à cette échelle. C’est parce que les besoins opérationnels sont généralement trop vastes et variés dans ce contexte pour qu’on puisse mettre en évidence toute possibilité réelle. Il faut approfondir le sujet et examiner à la loupe des capacités opérationnelles plus facilement exploitables. 

Pour cet exemple, je me concentrerai sur la gestion du jour des élections et sur la capacité annexe de gestion du lieu de vote.

La gestion du lieu de vote fait référence à la capacité de l’administration à planifier et à assurer le déroulement efficace des élections au lieu de vote. Le lieu de vote peut être multiple et comprend les installations publiques désignées où les électeurs se rendent voter, ainsi que les aménagements mobiles pour les électeurs handicapés ou les personnes qui ne peuvent pas se déplacer.

Avant de trouver des possibilités, il faut comprendre les résultats opérationnels souhaités pour la gestion du lieu de vote. Cela permet de cibler les occasions qui offriront une véritable valeur opérationnelle. Voici quelques exemples de résultats opérationnels souhaités pour la gestion du lieu de vote :

  • Les tâches de configuration du lieu de vote sont achevées et le lieu de scrutin ouvre à l’heure
  • Les bulletins de vote sont facilement accessibles aux électeurs dans tous les lieux de vote
  • Des lieux de vote sont rendus accessibles aux personnes handicapées
  • Les procédures d’urgence sont suivies en cas d’incident sur le lieu de vote
  • Les lieux de vote ferment à l’heure et les électeurs toujours en file d’attente sont tous pris en charge

Voilà des aspects essentiels pour une élection bien organisée. Il faut tenir compte de chacun des points; tout faux pas peut apporter son lot de problèmes.

Comment la pensée spatiale peut-elle aider? Penchons-nous sur le point de vue géospatial.

Le point de vue géospatial

Avant de vous montrer comment appliquer le point de vue géospatial, révisons le concept.

Il s’agit d’une compilation de cas d’utilisation d’ordre général décrivant comment la pensée spatiale et la technologie géospatiale peuvent servir à appuyer la prise de décisions au sein d’organisations. Cette approche s’inspire de six grands concepts d’analyse géospatiale et de quatre concepts majeurs en analyse opérationnelle. 

Dans l’axe géospatial, on retrouve les concepts spatiaux d’emplacement, d’échelle, d’itinéraire, de distribution, de proximité et de corrélation. Ces types précis d’analyse sont propres à la géographie. Une grande partie de l’analyse géospatiale tourne autour de la compréhension des relations géographiques basées sur un ou plusieurs de ces concepts. 

Sur l’axe opérationnel, les concepts d’analyse sont les suivants : description, diagnostic, prévision et prescription. Ce sont les approches générales utilisées en analyse opérationnelle. La majorité des décisions fondées sur des données relèvent de l’un de ces quatre concepts.

Pour analyser les choses sous un nouvel angle, combinons ces deux axes. Cela peut sembler simple, mais les résultats sont étonnants. La fusion de l’analyse géospatiale et de l’analyse opérationnelle permet de tirer parti d’un riche ensemble de schémas d’analyse géospatiale pour se concentrer sur des aspects essentiels à la prise de décisions opérationnelles. Et comme on couvre l’analyse historique et l’analyse des tendances futures, le modèle s’applique à une foule de contextes.

Cet outil n’a pas une fonction technique. Son but est d’aider les gens à comprendre comment exploiter les capacités géospatiales pour résoudre des problèmes opérationnels. Une personne peut donc l’utiliser pour rapidement évaluer les capacités géospatiales et les appliquer à son organisation, sans s’empêtrer dans les détails techniques.

C’est bien connu, lorsqu’on cherche à résoudre un problème, on a tendance à se tourner vers des moyens familiers. Cet outil vous force à enlever vos œillères et à considérer des schémas que vous n’aviez peut-être pas remarqués, surtout lorsqu’il est question d’analyses avancées.

Remarque : J’ai écrit sur la recherche d’occasions géospatiales dans des articles précédents. L’intention ici n’est pas de remplacer ce processus, mais de le faire évoluer et de le simplifier pour un large public grâce au point de vue géospatial, qui isole l’analyse de la technologie sous-jacente. L’ancienne méthode est toujours valide; elle nécessite cependant une plus grande familiarité avec des technologies géospatiales précises.

Repérer les occasions

Le recours au point de vue géospatial est simple : vous devez étudier les cas d’utilisation et évaluer comment chacun d’eux s’applique à vos besoins opérationnels. Lorsqu’un ou plusieurs cas s’appliquent, transposez les principes généraux à une situation précise en fonction de votre réalité.

Revenons à notre exemple de gestion du lieu de vote. Examinons de plus près les principaux résultats opérationnels, en particulier le premier résultat associé à l’ouverture des bureaux de vote. Quels cas d’utilisation s’appliquent? La réponse : plusieurs d’entre eux.

Pour se pencher sur des problèmes survenus dans le passé, différentes approches sont possibles. Nous pourrions cartographier et comparer les lieux de vote qui ont connu des retards afin de dégager des tendances. Nous pourrions cibler les zones ayant accumulé des retards afin de refléter des tendances spatiales plus larges. Et nous pourrions étudier l’incidence de facteurs externes sur l’ouverture des lieux de vote, comme les conditions de circulation et l’état des installations.

Une analyse historique de cette nature améliore la compréhension et est essentielle pour prendre des décisions éclairées et opportunes. Si l’administration responsable des élections souhaite réduire les retards d’ouverture des lieux de vote, elle doit avoir accès à ces précieuses données.

Les leçons tirées de l’analyse historique peuvent également servir à l’analyse des tendances futures. C’est là qu’on commence à saisir la grande valeur du processus et les occasions qui s’offrent à nous. Dans notre exemple, nous pourrions élaborer des modèles prédictifs pour estimer la probabilité de retard dans certains lieux de vote. Ou encore, nous pourrions concevoir des modèles prédictifs pour suggérer des sites de rechange, afin d’atténuer la probabilité de retard.

Ce ne sont là que quelques exemples, mais les possibilités sont infinies. En prenant le temps d’analyser la situation selon ce point de vue et en examinant les cas d’utilisation de façon systématique, vous révélerez des possibilités insoupçonnées. 

Quelle est la prochaine étape?

Jusqu’à présent, j’ai décrit un scénario précis en donnant un exemple d’application du point de vue géospatial pour repérer les occasions d’amélioration. En pratique, vous devriez poursuivre ce processus pour chaque résultat opérationnel souhaité.

Puis, vous pourriez compiler les occasions géospatiales dans un profil unique, afin de créer le plan fonctionnel global de votre solution technique. Dans notre exemple, vous auriez dressé la base d’une solution de gestion du lieu de vote, mais il ne tient qu’à vous d’aller plus loin. Vous pourriez notamment passer au niveau supérieur en incluant d’autres aspects relatifs à la gestion du jour des élections (comme la sensibilisation électorale et la production des résultats d’élections). Vous profiteriez alors d’une solution complète pour la gestion du jour des élections. À vous de voir jusqu’où vous voulez aller.

Gardez en tête que ce processus ne vous dira pas quelles technologies mettre en œuvre. Il vous permet de révéler des occasions, mais non d’obtenir des spécifications techniques détaillées. Le but est de vous aider à comprendre ce qu’une solution géospatiale peut vous apporter et comment cette dernière peut éclairer vos décisions.

Avec votre plan fonctionnel en main, vous devriez ensuite procéder à l’évaluation d’une solution adéquate. Cela consiste à déterminer les composantes de votre solution et à mesurer son adéquation et sa faisabilité. Vous pourriez notamment explorer des solutions commerciales ou des options personnalisées. Il existe une tonne d’information sur le sujet; je ne m’y attarderai pas ici.

Au bout du compte, ces occasions devraient servir à articuler une stratégie géospatiale. Il est certes possible de chercher à améliorer des volets précis, mais beaucoup plus profitable d’adopter une approche globale pour votre organisation. Repérez les occasions qui s’appliquent à l’ensemble de l’organisation et utilisez-les pour fonder votre stratégie. De cette façon, vous irez au-delà de la solution ponctuelle et mettrez l’accent sur la capacité organisationnelle appelée veille géographique.

En ce moment même, des problèmes opérationnels au sein de votre organisation n’attendent que la bonne solution géospatiale. Le point de vue géospatial est un outil simple, mais puissant, qui permet de découvrir des possibilités incroyables et de tirer profit de la puissance de l’analyse spatiale. 

Apprenez à exploiter votre potentiel géospatial. Découvrez notre évaluation à 360 degrés de la veille géographique (en anglais).

Ce billet a été écrit en anglais par Matthew Lewin et peut être consulté ici.