ArcGIS Pro : dix mythes qui ont la vie dure
L’un de mes précédents billets de blogue porte sur les dix choses qui me plaisent le plus d’ArcGIS Pro. Beaucoup ont répondu à mes billets, et c’est vraiment agréable de savoir qu’on prend la peine de me lire (*petite larme au coin de l’œil pour effet dramatique*). À la lumière de ce qu’on m’envoie et des échanges que j’ai avec bon nombre d’utilisateurs sur ArcGIS Pro, j’ai constaté qu’on était la plupart du temps assez loin de la vérité sur l’application. J’ai de même lu tous les questionnaires qui ont été remplis à la Conférence des utilisateurs (oui, tous) pour me rendre compte qu’ArcGIS Pro suscitait de l’intérêt, mais aussi une certaine dose de méfiance.
Donc, en guise de suite à mon billet Dix choses qui me plaisent d’ArcGIS Pro, je tenterai de déboulonner dix mythes qui ont la vie dure sur ArcGIS Pro. Cette fois, cependant, j’irai en sens inverse et commencerai par le mythe le plus tenace.
Premier mythe – Je n’ai pas les moyens d’installer ArcGis Pro.
Voilà donc le mythe que j’entends le plus fréquemment sur ArcGis Pro. Mais ArcGIS Pro n’est pas un nouveau produit. C’est en fait une toute nouvelle application incluse dans ArcGIS Desktop. Autrement dit, ArcGIS Pro fait partie de la licence ArcGIS Desktop que vous avez déjà. Que vous ayez la version Basic, Standard ou Advanced d’ArcGIS Desktop et que vous ayez la plus récente mouture du logiciel ou que vous utilisiez encore la 10.3, ArcGIS Pro en fait partie.
En termes clairs, ArcGIS Desktop inclut ArcMap, ArcCatalog, ArcScene, ArcGlobe et ArcGIS Pro. Ce n’est pas une autre licence.
Deuxième mythe – Il m’est impossible d’adopter ArcGIS Pro parce que nous sommes sur une vieille version d’ArcGIS Desktop.
Je dois préciser ici qu’ArcGIS Pro, en plus d’être intégré dans votre licence ArcGIS Desktop, n’est assujetti à aucune version de cette dernière. Il s’agit d’un programme distinct dont la structure de base provient d’ArcMap et d’ArcCatalog. N’importe quelle version d’ArcGIS Pro, y compris les anciennes, peut s’installer sur le même ordinateur exactement comme ArcMap. Même si vous devez continuer d’utiliser une version particulière d’ArcMap parce que votre base de données ou des solutions de tiers vous l’obligent, il demeure possible d’installer la toute dernière version d’ArcGIS Pro sur le même ordinateur.
Troisième mythe – Il m’est impossible d’utiliser ArcGIS Pro parce que l’application ne publie pas sur ArcGIS Server.
Mettons les choses au clair ici. ArcGIS Pro peut publier des cartes et couches web et des services mis en cache dans ArcGIS Online et ArcGIS Enterprise. Aussi, ArcGIS Pro peut publier des services (carte dynamique, entité, image, géocodage, géotraitement, etc.) dans ArcGIS Enterprise (le nouveau nom d’ArcGIS Server). En fait, à bien y penser, ArcGIS Pro publie plus de types de produits d’information et de couches dans ArcGIS Enterprise et ArcGIS Online qu’ArcMap.
ArcGIS Pro peut envoyer des cartes et des couches vers ArcGIS Online sous la forme d’entités, de feuillets ou de feuillets de carte. Les couches peuvent être envoyées vers ArcGIS Enterprise sous la forme d’entités ou de services de cartes dynamiques et peuvent être configurées, notamment pour la prise en charge des services WMS.
Par contre, le volet de sécurité entourant les services a changé dans ArcGIS Enterprise. Dans ArcGIS Enterprise, on encourage fortement les organisations à adopter le portail et d’unifier le processus d’authentification avec celui du serveur.
Auparavant, la plupart des utilisateurs n’avaient qu’à créer un utilisateur de type administrateur sur le serveur pour publier. Cette façon de faire n’est pas sans problèmes sur le plan de la sécurité, notamment en raison du fait que de nombreux utilisateurs se partagent ainsi le même nom d’utilisateur et le même mot de passe. L’autre gros problème de cette méthode est l’incapacité d’accéder aux autres grandes fonctionnalités d’ArcGIS Enterprise et d’ArcGIS Online, par exemple les applications Collector, les groupes et la gestion du contenu.
Ainsi, et ArcMap et ArcGIS Pro peuvent publier des services, et les deux applications nécessitent pour ce faire une ouverture de session. ArcGIS Pro a été conçu en fonction du modèle de sécurité le plus récent pour ArcGIS Enterprise : il est donc primordial d’installer le portail et d’unifier le processus d’authentification du serveur et celui du portail. C’est déjà le cas dans ArcGIS Online.
Quatrième mythe – ArcGIS Pro ne prend pas en charge les licences et modules d’extension existants.
Au contraire. Comme je l’ai déjà mentionné, ArcGIS Pro fait partie de votre licence ArcGIS Desktop.
ArcGIS Pro peut se configurer de manière à utiliser le gestionnaire de licence flottante que vous avez déjà. La configuration est aussi possible pour une licence fixe sur un ordinateur. De plus, par défaut, ArcGIS Pro suit le même type de licence que vous avez pour que vous jouissiez des mêmes avantages propres à votre identifiant Esri (utilisateur nommé ArcGIS), qui est d’ailleurs inclus dans votre logiciel ArcGIS Desktop, et permet aux administrateurs de distribuer et de gérer les licences d’ArcGIS Pro selon les niveaux (Basic, Standard ou Advanced) et les modules d’extension présents (3D, Spatial Analyst, Network Analyst, etc.). Le type et le niveau de licence ainsi que les modules d’extension que vous avez actuellement demeurent donc les mêmes dans ArcGIS Pro.
ArcGIS Pro peut être utilisé avec une licence selon le modèle des utilisateurs nommés (par défaut), mais vous pouvez également le configurer pour utiliser votre licence fixe existante ou votre gestionnaire de licences flottantes existant.
J’aimerais profiter de l’occasion pour vous encourager tous à prendre connaissance des avantages de l’identifiant Esri pour gérer qui peut accéder ou non à des fonctionnalités et à des outils donnés. Vous serez à même de constater à quel point il est facile de gérer les fonctionnalités accessibles à vos utilisateurs d’ArcGIS Desktop, tout comme on peut le faire pour l’accès à des applications supérieures comme Insights, Drone2Map et GeoPlanner.
Cinquième mythe – ArcGIS Pro ne contient pas autant d’entités qu’ArcMap.
Celle-là est plus corsée. Je vois d’où vient ce mythe. Ce ne sont pas tous les outils d’ArcMap qui sont nécessaires dans ArcGIS Pro; certains éléments fonctionnent différemment.
Par exemple, la gestion des réseaux de services publics. Esri perfectionne sans cesse la manière d’éditer et de gérer les réseaux de services publics, indépendamment d’ArcGIS Pro. Ce sera avec ArcGIS Pro qu’on pourra dorénavant créer et gérer un nouveau modèle de réseau de services publics. Quant à ArcMap, il servira à l’ancien réseau géométrique. ArcGIS Pro n’aura rien des outils pour les réseaux géométriques, parce que ça n’en vaut pas la peine. Cela dit, je ne parle ici que d’édition de réseau géométrique. ArcGIS Pro peut tout à fait afficher les anciens réseaux géométriques; seule l’édition est restreinte à ArcMap.
N’oubliez pas non plus qu’ArcGIS Pro en fait plus qu’ArcMap. Par exemple, ArcGIS Pro prend en charge les mises en page multiples, l’édition directe des services d’entités, la publication de couches de feuillets vectoriels, l’intégration du bidimensionnel et du tridimensionnel, et la liste est encore longue. ArcGIS Pro en fait plus qu’ArcMap : ça n’a donc aucun sens de dire que ce ne sont pas des équivalents.
Par contre, il est vrai que certaines fonctionnalités d’ArcMap n’ont pas encore été intégrées à ArcGIS Pro. Par exemple, au moment d’écrire ces lignes, les outils de cadastre et de création de dimensions d’ArcMap ne se trouvent pas encore dans ArcGIS Pro, mais le travail est en cours, et ils devraient arriver dans un avenir rapproché. Il reste quelques éléments dans cette situation, mais la plupart des utilisateurs pourront probablement faire dans ArcGIS Pro ce qu’ils font aujourd’hui dans ArcMap, voire un peu plus.
Sixième mythe – ArcGIS Pro consomme des crédits.
Je dois avouer être demeuré bouche bée la première fois que j’ai entendu un tel commentaire de la part de clients. ArcMap n’utilise aucun crédit. ArcGIS Pro non plus. C’est en creusant un peu que je pense avoir trouvé d’où vient ce mythe.
ArcGIS Pro vient avec des outils prêts à l’emploi en option qui se connectent à ArcGIS Online une fois que vous avez entré votre identifiant.
Ces outils procurent des fonctionnalités avancées (bassins versants, zones d’enrichissement et de services) pour les utilisateurs qui n’en ont besoin qu’occasionnellement et qui n’ont pas accès aux modules d’extension d’ArcGIS Desktop et aux jeux de données nécessaires. Les outils prêts à l’emploi ne remplacent pas les modules d’extension. Ce sont des options à moindre coût pour les utilisateurs occasionnels qui consomment des crédits si (et seulement si) on les utilise. Il vous est possible de désactiver ces outils par les rôles associés à votre identifiant dans ArcGIS Online. Enfin, comme pour tout autre élément qui consomme des crédits dans la gamme de produits ArcGIS, les crédits sont gérés par l’administrateur qui peut les répartir individuellement entre chaque utilisateur.
Septième mythe – ArcGIS Pro doit être connecté à ArcGIS Online.
Pas du tout. ArcGIS Pro peut s’utiliser sur un ordinateur situé en plein milieu de la toundra à 2 000 km du point d’accès Internet le plus près.
Ce qu’on peut et ne peut pas faire avec ArcGIS Pro en fonction de son statut de connexion à ArcGIS Online ou à ArcGIS Enterprise est un copier-coller de ce qui arrive dans ArcMap dans la même situation. Bien sûr, si on ne peut se connecter ni à aucun serveur ni à Internet, il est impossible d’accéder aux fonds de carte ArcGIS Online, de publier des services et d’utiliser votre géodatabase d’entreprise. Cependant, comme pour ArcMap, vos données locales (fichiers SHP, géodatabases de type fichier et autres) demeurent utilisables.
Il y a un quelque chose de vraiment extra dans ArcGIS Pro : vous pouvez travailler sur une version hors ligne de votre carte si vous n’êtes pas branché à Internet. C’est dans un tel scénario que s’ajoute un avantage au modèle d’identifiant ou d’utilisateur nommé. En effet, il est bien plus facile de faire passer au mode hors connexion votre licence ArcGIS Pro à l’aide d’ArcGIS Online ou d’ArcGIS Enterprise, y compris les modules d’extension. La chose est aussi possible avec les licences flottantes. Elle n’est pas nécessaire pour les licences fixes.
Huitième mythe – ArcGIS Pro a des exigences système bien plus élevées qu’ArcMap.
Pour la cartographie en deux dimensions, ArcGIS Pro peut fonctionner sur le même ordinateur qu’ArcMap. Les exigences système sont en effet à peu près les mêmes dans les deux cas. Pour les manipulations en trois dimensions, la qualité de votre rendu dépendra de celle de votre carte graphique. Il en était cependant de même pour les utilisateurs d’ArcScene et d’ArcGlobe dans ArcGIS Desktop.
Un autre point important ici : ArcGIS Pro est une application native 64 bits qui ne s’installe pas sur la version 32 bits de Windows.
Autrement dit, pour le même matériel et avec une carte graphique de bonne qualité, ArcGIS Pro devrait mieux accomplir certaines tâches comme le géotraitement et l’affichage de jeux de données volumineux, étant donné que c’est une application native 64 bits en chapelet.
Des différences sont toutefois observables dans les environnements virtuels. Les diverses branches de l’application et la répartition des ressources dans celle-ci, qui en font accélérer le fonctionnement sur votre ordinateur, rendront toutefois toute tâche impossible dans un environnement virtuel non optimisé. Si vous comptez installer ArcGIS Pro dans un environnement virtuel, je vous enjoins à prendre connaissance des exigences particulières à respecter.
Neuvième mythe – ArcGIS Pro ne prend pas en charge les géodatabases d’entreprise, notamment le versionnement.
ArcGIS Pro accepte les mêmes types de données qu’ArcMap : fichiers SHP, géodatabases de type fichier, fichiers CAD, imagerie. S’ajoute aussi à la liste le module d’extension Data Interoperability qui fonctionne dans ArcGIS Pro. En outre, ArcGIS Pro peut se connecter à votre géodatabase d’entreprise. Vous pouvez même utiliser les mêmes fichiers de connexion SDE que vous avez déjà. Vous avez accès à toutes vos versions et pouvez les modifier. ArcGIS Pro prend également en charge les entités de géodatabase telles que les domaines, les sous-types et la topologie. Aussi, il est possible de se connecter directement à des bases de données qui ne sont pas configurées avec la géodatabase.
ArcGIS Pro prend en charge les fonctionnalités complètes d’édition et de géodatabase existantes, comme la topologie.
Et ce n’est pas tout : comme j’en ai fait mention dans mon billet précédent, les outils d’édition d’ArcMap n’arrivent même pas à la cheville de ceux dans ArcGIS Pro. Il est donc possible de modifier des géodatabases d’entreprise en diverses versions dans ArcGIS Pro, et les outils qui vous sont offerts à cet effet sont bien supérieurs à ceux d’ArcMap.
Ajoutez-y le cadre de tâches dans ArcGIS Pro et la possibilité d’utiliser des modules de flux de travaux comme Data Reviewer et Workflow Manager, et vous obtenez une application très moderne et efficace dans l’édition et la gestion de données. ArcGIS Pro prend de plus en charge les mêmes projections et systèmes de coordonnées et de référence qu’ArcMap. C’est donc une application aussi précise et efficace pour l’édition et l’analyse de données qu’ArcMap.
Dixième mythe – J’aurai beaucoup de difficulté à utiliser ArcGIS Pro.
Tout ce que je peux répondre ici, c’est de l’essayer. Personnellement, il m’a fallu un certain temps pour m’habituer au ruban (au moins, j’avais déjà fait la transition vers la plus récente version de MS Office). Mais après avoir adopté ArcGIS Pro, je ne reviendrais aujourd’hui plus en arrière. Je vous invite de nouveau à consulter l’un de mes billets précédents où j’explique ce qui, selon moi, montre que l’heure de gloire d’ArcGIS Pro est arrivée.
Votre organisation n’a aucune raison de ne pas en faire l’essai. Bien entendu, je ne peux répondre à toutes vos questions dans un billet de blogue. C’est pourquoi je vous suggère de consulter le forum aux questions sur ArcGIS Pro. Nous offrons également plusieurs formations sur ArcGIS Pro.
Ce billet a été écrit en anglais par Chris North et peut être consulté ici.