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La boursière Natasha Juckes associe l’art au design communautaire

Les cours facultatifs à l’université sont faits pour s’amuser, non? C’est du moins ce que croit Natasha Juckes. Elle a inclus trois cours d’art de l’Université NSCAD dans son programme de baccalauréat en design communautaire à l’Université Dalhousie, tout en obtenant un certificat en science de l’information géographique. Natasha est l’une des lauréates de la bourse d’études en SIG d’Esri Canada de cette année.

Tous les lauréats de la bourse d’études en SIG d’Esri Canada sont d’excellents étudiants qui ont démontré au comité de sélection de leur établissement respectif qu’ils veulent continuer à développer leurs compétences en SIG et qu’ils sont dignes de la bourse. Certains de ces étudiants se distinguent par la diversité de leurs compétences et de leurs intérêts. Natasha Juckes est l’une de ces étudiantes. Elle peut être très inspirante (et un peu intimidante) avec sa longue liste de récompenses, que ce soit pour ses brillantes études, ses exploits sportifs, son travail de bénévole et ses prestations artistiques. Mais cela m’a également rendue curieuse et donné envie de la connaître davantage. Je l’ai contactée par courriel pour l’interroger sur ses études, son travail de bénévole... et ses talents de forgeronne.

Vous venez d’obtenir un baccalauréat en design communautaire (BDC) à l’Université Dalhousie. La lauréate de la bourse de l’année dernière, qui venait de Dalhousie, étudiait également à ce baccalauréat, mais je n’avais jamais entendu parler de ce programme avant cela. En quoi consiste-t-il?

Vous n’êtes pas la seule! Je pense que la plupart des gens ont besoin que je leur explique la signification de « design communautaire » quand je mentionne le nom de mon diplôme.

Le programme de baccalauréat en design communautaire est essentiellement un diplôme professionnel de premier cycle en aménagement urbain. Ce diplôme porte principalement sur la manière de gérer, de concevoir et de protéger les espaces où les gens vivent, travaillent et se divertissent. Une bonne pratique de l’urbanisme implique également de réfléchir à une multitude de facteurs, notamment les impacts environnementaux, le bien-être social et les questions de santé. J’ai tout appris dans ce programme : entre autres, comment la conception des routes influe sur le ruissellement des eaux pluviales, ou comment construire de meilleures habitations à loyer modique.

Dans le programme spécialisé du BDC de l’Université Dalhousie, vous pouvez vous spécialiser en aménagement environnemental ou urbain. Je me suis spécialisée dans l’aménagement de l’environnement, mais j’ai rédigé un mémoire qui était davantage lié à l’aménagement urbain. Ce diplôme vous permet également d’obtenir une double majeure en durabilité ou de vous inscrire à des certificats. J’ai suivi un certificat en science de l’information géographique, car j’aime tout apprendre sur les SIG.

Quels types d’emplois ou de carrières le diplômé type espère-t-il trouver?

Avec ce diplôme, les personnes espèrent généralement devenir des urbanistes professionnels et peuvent travailler pour une Ville, un cabinet de conception indépendant, une organisation non gouvernementale ou à titre de chercheur dans une université. Avez-vous déjà regardé la série télévisée Parks and Recreation? Certains des personnages de cette série sont des urbanistes. Les urbanistes peuvent également être d’excellents responsables de projets de grande envergure qui ne sont pas directement liés à l’urbanisme, mais qui nécessitent de travailler avec des personnes exerçant de nombreuses professions différentes.

Les diplômés du baccalauréat en design communautaire peuvent décider de poursuivre leurs études et d’obtenir un autre diplôme dans un domaine connexe. Par exemple, je me dirige vers l’architecture, et je pense que l’urbanisme me fournira une base utile pour mes études ou mon travail futurs.

J’ai vu que vous avez suivi quelques cours de l’Université NSCAD dans le cadre de votre diplôme. Quels étaient ces cours et comment s’intègrent-ils au programme du BDC?

Le programme du BDC est l’un des seuls à Dalhousie où l’on peut se faire créditer les cours du NSCAD. J’aime être créative et je voulais suivre des cours facultatifs intéressants. J’ai donc suivi trois cours de base différents à l’Université NSCAD sur l’informatique, le dessin et le travail du bois et du métal. J’ai aimé par-dessus tout celui qui portait sur le travail du bois et du métal. Il m’a donné accès à l’atelier de métallurgie du NSCAD et m’a permis d’explorer davantage le forgeage. Je passais au moins un après-midi par semaine à travailler à l’atelier (mais c’était vraiment comme une cour de récréation pour moi).

J’ai choisi ces trois sujets principalement pour m’amuser, par pur intérêt et pour mon plaisir personnel. Ça devrait être le but de tout cours facultatif. Mais sérieusement, les cours du NSCAD m’ont aidée dans mon diplôme. Ils m’ont rendue plus orientée design et m’ont donné les compétences nécessaires pour communiquer visuellement mes idées. Ils m’ont permis de monter mon portfolio en vue de postuler à l’école d’architecture, et m’ont également aidée à trouver des emplois. L’aptitude de modifier des cartes d’ArcGIS dans Illustrator s’est avérée utile, et le fait de connaître à la fois ArcGIS et la suite Adobe semble être qualification professionnelle assez unique sur le marché du travail.

Vous aviez déjà une certaine expérience comme forgeronne avant de suivre le cours au NSCAD. Où avez-vous commencé à forger?

J’ai commencé à faire de la forge il y a plus de neuf ans au lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg, à Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. J’avais l’habitude de participer à ces camps d’été d’une semaine où l’on s’habille en costume d’époque et où l’on fait des activités dans Louisbourg tous les jours. Dans le programme pour enfants, l’on se livre à de nombreuses activités différentes chaque jour, comme danser ou apprendre à coudre votre propre siège-sac. Une fois que vous avez 13 ans, vous pouvez faire des stages consistant à choisir une activité à faire le matin et une à faire l’après-midi une semaine durant. J’ai toujours choisi le forgeage dans la sélection de compétences, et j’ai pu me former auprès de forgerons très talentueux.

À la fin de ma dernière année, les forgerons qui y travaillaient m’ont recommandé de me joindre à la Maritime Blacksmiths’ Association (MBA) et m’ont aidée à continuer à forger. J’ai assisté à des événements d’une journée organisés par la MBA à Halifax, qui comprenaient des démonstrations et des exercices pratiques. Finalement, j’ai acheté ma propre forge, et je dispose maintenant de mon propre atelier pour m’entraîner. Depuis un an, je travaille au portfolio que je dois soumettre à l’école d’architecture, et j’ai forgé des feuilles pour une table que mon frère m’a aidée à fabriquer.

J’ai eu beaucoup d’excellents professeurs au fil des ans, et, à un certain moment, j’ai moi-même commencé à enseigner à quelques jeunes. C’est vraiment un passe-temps formidable et j’en profite pleinement. Merci à tous ceux qui, au MBA, m’ont soutenue, enseignée et aidée à poursuivre mes travaux de forgeage!

Natasha Juckes travaille dans une forge au lieu historique national de la Forteresse-de-Louisbourg, qui est la reconstruction d’un village du 18e siècle.

Natasha Juckes en apprentissage à la forge de la forteresse de Louisbourg.

De nombreuses réalisations hors études figurent dans votre CV, dont deux Prix du Duc d’Édimbourg. Comment les avez-vous gagnés?

Les Prix du Duc d’Édimbourg récompensent les jeunes qui pratiquent le sport, font du bénévolat et cultivent un talent. J’ai pratiqué de nombreux sports au secondaire, notamment le basket, le hockey sur gazon, le badminton et le football; donc, cette partie était facile. Pour ce qui est du bénévolat, j’ai donné des cours de français et je me suis engagée dans la Patrouille canadienne de ski en tant que secouriste. Mon talent était le piano, car j’ai suivi des cours de piano chaque semaine pendant tout mon secondaire.

Pour obtenir cette récompense, l’on doit également faire un voyage aventureux d’une nuitée dans la nature. Pour mes récompenses de bronze et d’argent, j’ai bénéficié du soutien d’un excellent professeur de mon école secondaire qui nous a guidés dans nos aventures et nous a aidés à comprendre les étapes à franchir pour obtenir la récompense. Un de mes voyages aventureux s’est déroulé au parc national et lieu historique national Kejimkujik et l’autre au parc provincial Cape Chignecto. Je travaille actuellement à l’obtention de ma médaille d’or, et j’ai déjà effectué mon voyage aventureux, qui consistait en un voyage d’une semaine sur un grand voilier, de la ville de Québec à Halifax jusqu’au canal de Saint-Pierre à Cap-Breton.

Carte de l’itinéraire de navigation (de la ville de Québec à Halifax, jusqu’au canal de Saint-Pierre) que Natasha Juckes a emprunté dans le cadre d’un de ses voyages aventureux effectués pour le Prix du Duc d’Édimbourg.

Itinéraire de navigation pour le voyage aventureux de Natasha Juckes, de la ville de Québec à Halifax, jusqu’au canal de Saint-Pierre.

Vos expériences de bénévolat comprennent également des projets liés aux SIG à Parcs Canada. Comment en êtes-vous venue à participer à ces projets?

Je travaille au parc national et lieu historique national Kejimkujik chaque été depuis mon entrée à l’université et j’adore ça. Être employée de Parcs Canada, c’est vivre des étés incroyablement amusants à faire de la randonnée, du camping et des sorties en plein air, tout en rencontrant des gens extraordinaires. J’y ai d’ailleurs fait la connaissance de personnes qui œuvrent dans le domaine de la conservation des ressources et se soucient profondément des arbres et de l’écologie locale à Kejimkujik.

J’ai dû suivre le cours ERTH 4850 (projet de recherche en sciences de l’information géographique) pour obtenir le certificat en sciences de l’information géographique et j’ai choisi de suivre le cours MGMT 4047 (conception d’un système de conservation de la biodiversité). Dans les deux cours, on nous a confié la tâche de trouver des projets de recherche liés aux SIG sur lesquels travailler. On nous a invités à exploiter nos réseaux existants, et j’ai décidé de contacter l’équipe de Kejimkujik pour voir si elle avait des projets SIG en cours. L’équipe était ravie que je me porte volontaire et m’a donné deux projets sur lesquels travailler. L’un portait sur la localisation de l’habitat du frêne noir à Kejimkujik, et l’autre, sur l’estimation de la résilience de la pruche du Canada au puceron lanigère de la pruche (une espèce envahissante nuisible qui a été trouvée dans le parc). J’ai trouvé ces projets très intéressants, car ils m’ont donné l’occasion de mener des recherches scientifiques sur les arbres, un sujet que j’avais à peine effleuré jusque-là.

Travailler pour Parcs Canada en tant qu’étudiant constitue une occasion en or de prendre part à de nombreux projets intéressants et de tisser des liens utiles avec des gens évoluant dans différentes sphères d’activité.

Vue du lever du soleil sur un lac près d’un site de camping dans le parc national Kejimkujik.

 Camping en arrière-pays au parc national et lieu historique national Kejimkujik.

Le projet que vous avez soumis dans le cadre de la bourse d’études est votre projet de mémoire de BCD. Vous vous êtes penchée sur la sécurité des femmes dans la rue, et plus particulièrement sur le sentiment de sécurité. Pourquoi avoir choisi ce sujet?

L’été dernier, j’ai réfléchi à quelques sujets que je voulais aborder dans mon mémoire de spécialisation, et l’un d’eux était la sécurité des femmes dans la rue. À ce moment-là, tout ce que je voyais sur mes fils de médias sociaux était des vidéos de femmes marchant dans différentes villes et faisant état du nombre de fois où elles étaient interpellées ou apostrophées. Ces images me revenaient en tête constamment. En tant qu’étudiante en aménagement urbain, j’ai toujours été intéressée par l’expérience des femmes dans la ville. Ces vidéos m’ont amenée à me demander ce qu’elles pouvaient ressentir lorsqu’elles arpentent les rues de la ville. Je voulais en savoir plus. En parallèle, je travaillais pour le bureau national de Parcs Canada sur des documents concernant les initiatives LGBTQ2 et d’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+) du Ministère. Je pense que ce travail m’a confortée dans mon idée de choisir ce sujet de mémoire.

Bien que le sujet m’enthousiasme, je n’étais pas certaine de pouvoir obtenir suffisamment de données pour effectuer une analyse SIG et je craignais de ne pas avoir assez de temps pour mener un sondage dont les résultats seraient pertinents. Ma superviseure, Mikiko Terashima, m’a incitée à approfondir la question du sentiment de sécurité chez les femmes, en plus de m’aider à préciser mes idées. Grâce à son soutien et à ses conseils, j’ai pu mener à bien mon mémoire, qui s’est avéré être une analyse complexe et intéressante comportant de nombreuses cartes, une carte récit et une application en ligne.

La carte récit que Natasha a créée dans le cadre de son projet de mémoire n’est qu’un exemple parmi plus d’une douzaine d’autres cartes partagées par les boursiers de cette année.

L’une des conclusions de votre mémoire est la suivante : l’image véhiculée par les médias ou les témoignages d’amis constituent un facteur négatif important. Pouvez-vous nous en dire plus? Quels types de mesures pourraient être prises pour contrer l’effet de témoignages négatifs sur le sentiment de sécurité chez les femmes?

Nous avons reçu 90 réponses au sondage que nous avons mené sur la sécurité des femmes dans la rue à Halifax. Au deuxième rang des facteurs ayant une incidence négative sur le sentiment de sécurité des répondants se trouve l’image véhiculée par les médias ou les témoignages d’amis, réponse choisie à 17 reprises. Au premier rang, citons le manque de personnes dans la rue, choisi 20 fois. Nous avons également demandé aux répondants d’évaluer dans quelle mesure ils se sentaient globalement en sécurité dans un pâté de maisons donné, sur une échelle de 1 à 5 (1 signifiant qu’ils ne se sentaient pas du tout en sécurité et 5 qu’ils se sentaient très en sécurité). Les répondants qui avaient choisi l’image véhiculée par les médias ou les témoignages d’amis comme facteur ayant l’incidence la plus négative sur leur sentiment de sécurité ont également évalué faiblement leur sentiment global de sécurité, avec une note moyenne de 2,5 pour les 17 réponses. Il s’agit donc non seulement de l’un des facteurs les plus courants, mais il est également associé au sentiment d’insécurité chez les femmes.

Il est compliqué de mettre en place des mesures pour contrer l’effet négatif de l’image véhiculée par les médias ou de témoignages d’amis, car je suis sûre que la plupart de ces témoignages sont fondés sur des expériences personnelles négatives que les gens ont vécues.

Pour réduire le nombre de témoignages négatifs que les gens ont à raconter, nous devons améliorer la sécurité des rues en général. Par exemple, augmenter l’éclairage s’est révélé une mesure efficace dans d’autres villes. Les résultats de notre sondage suggèrent toutefois qu’il existe des pistes plus intéressantes à explorer à Halifax.

Par exemple, le manque de personnes dans la rue semble jouer un rôle crucial dans le sentiment de sécurité, ce qui vient appuyer la théorie originale de Jane Jacobs intitulée « les yeux sur la rue », selon laquelle le sentiment de sécurité des gens est proportionnel au nombre de personnes dans les rues. Une combinaison de bâtiments résidentiels et commerciaux permettrait de garantir la présence de personnes dans la rue à différentes heures de la journée. Les bâtiments commerciaux attirent les gens pendant la journée, tandis que les restaurants les attirent en soirée. Les bâtiments résidentiels n’augmentent peut-être pas le nombre d’yeux sur la rue pendant la journée. Le soir cependant, les gens sont chez eux, et s’ils entendent de l’agitation dans la rue, ils regarderont probablement dehors pour voir ce qui se passe (d’où les « yeux sur la rue »).

Une troisième stratégie consiste à faire participer les femmes au processus d’aménagement et à recueillir leur avis sur la conception des rues afin de s’assurer que celles-ci répondent à leurs besoins. À Halifax, le comité consultatif des femmes se réunit pour discuter de questions d’aménagement urbain. À mon avis, ce comité constitue un grand pas en avant pour faire participer les femmes à cet enjeu d’importance.

Ma superviseure et moi-même travaillons actuellement à la rédaction d’un document qui explorera davantage les résultats de mon projet de mémoire. Nous espérons pouvoir le publier cette année.

En plus d’avoir gagné une bourse d’études en SIG, vous étiez finaliste du concours de cette année pour le prix Esri Young Scholars et avez choisi comme prix le livre d’Esri Press intitulé Understanding Crime: Analyzing the Geography of Crime (comprendre la criminalité : analyser la géographie du crime). Pourquoi avoir choisi ce livre-là?

J’ai choisi ce livre, car j’ai toujours été intéressée par l’analyse de la criminalité. Après avoir terminé mon mémoire de spécialisation, je me suis rendu compte qu’il était très compliqué. J’aurais souhaité avoir eu plus de temps (et de compétences) pour approfondir mon travail d’analyse. J’espère que ce livre me permettra d’élargir mes horizons sur la gestion du crime et de cerner les lacunes dans les données sur la criminalité.

Dernière question : en tant que lauréate d’une bourse d’études en SIG d’Esri Canada, vous avez reçu des logiciels ArcGIS, des livres et des formations. Y a-t-il un de ces éléments que vous avez particulièrement hâte d’utiliser?

J’ai très hâte d’en savoir plus sur ArcGIS Online. Cette année, j’ai travaillé sur un gros projet avec deux autres étudiants du BCD à Dalhousie. Nous avons créé une maquette d’une application ArcGIS Online (appelée Inclusifax) qui pourrait être utilisée pour signaler les obstacles à l’accessibilité à Halifax. Nous avons eu une rencontre avec la municipalité régionale d’Halifax au sujet de l’application, et nous souhaitons en revoir la conception pour la rendre plus accessible aux utilisateurs de lecteurs d’écran. J’espère que certains des livres et des formations que j’ai reçus pourront m’aider à cet égard!

Ce billet a été écrit en anglais par Krista Amolins et peut être consulté ici.