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Avec l’aide d’Esri Canada, des chercheurs relèvent des données sur les changements climatiques par l’analyse des patinoires extérieures

Les patinoires extérieures font partie de la tradition canadienne, tout comme le sirop d’érable, la médaille d’or olympique au hockey ou le « deux crèmes, deux sucres ». Cependant, les changements climatiques risquent de faire basculer la tradition dans un proche avenir. Afin de mieux comprendre ce problème, une équipe de chercheurs de l’Université Wilfrid-Laurier recueille auprès de scientifiques citoyens les conditions des patinoires extérieures, et elle cartographie les résultats avec l’aide de Cameron Plouffe d’Esri Canada.

Rien de plus canadien que d’apprendre à patiner et à jouer au hockey sur une patinoire de cour arrière. Enfiler une paire de patins et se laisser glisser sur la glace tout en prenant une bonne bourrée d’air hivernal est une tradition qui enchante bien des Canadiens, y compris moi-même. Et l’imaginaire canadien est rempli d’histoires de pros canadiens-français ayant passé leur enfance à jouer sur des patinoires extérieures entretenues par leurs parents et par des groupes communautaires, tous de fervents admirateurs fiers d’appartenir à une superpuissance du hockey. Cependant, les changements climatiques risquent de faire basculer cette tradition et menacent les chères patinoires extérieures, au Canada et ailleurs dans le monde. Une étude* menée en 2012 a permis d’analyser les données provenant de stations météorologiques canadiennes au cours des 50 dernières années. Elle prédit que les températures plus chaudes pourraient éventuellement mettre fin au patinage à l’extérieur dans certaines régions.

Très curieux de savoir si c’était vrai, une équipe de chercheurs à l’Université Wilfrid-Laurier – Colin Robertson, Robert McLennan and Haydn Lawrence – a eu une idée brillante : demander à des constructeurs de patinoires extérieures de relever des données sur les conditions de la surface glacée, puis cartographier cette information. Ces chercheurs baptisèrent leur projet « RinkWatch » et lancèrent le site rinkwatch.org invitant les « scientifiques citoyens » à enregistrer leurs patinoires extérieures et à fournir des mises à jour quotidiennes sur la « patinabilité » de la glace.

Les membres de l’équipe RinkWatch Robert McLeman (à gauche), Colin Robertson (au centre) et Haydn Lawrence (à droite) jouant sur une patinoire extérieure. Photo aimablement fournie par l’Université Wilfrid-Laurier.

Ce projet a retenu l’attention de Cameron Plouffe d’Esri Canada, un analyste et développeur faisant partie de notre équipe vouée à l’enseignement supérieur. Le travail lié à son mémoire de maîtrise aux universités Wilfrid-Laurier et Waterloo consiste entre autres à étudier le climat et à modéliser ses effets quant aux éclosions de maladies. Après avoir jeté un coup d’œil sur la carte interactive de RinkWatch et pensant pouvoir l’améliorer, il a communiqué avec l’équipe du projet, qu’il connaissait déjà du fait de ses recherches, et a offert ses services. L’équipe RinkWatch a bien aimé ce qu’il avait à proposer.

« J’ai pensé qu’il était certainement possible d’étendre les capacités de cette carte à l’aide d’ArcGIS API for JavaScript et d’en faire une carte réactive permettant d’enregistrer l’information avec plus de précision » a dit M. Plouffe dans le cadre d’une brève conversation dans notre salle de dîner de Toronto. « Je leur ai montré une carte que j’ai créée et appelée FLAP Mapper, grâce à laquelle les gens peuvent suivre les collisions d’oiseaux contre les bâtiments. Cette application recourt à des cartes de points chauds permettant de visualiser les endroits faisant plusieurs victimes parmi la faune aviaire, l’objectif étant de modifier les politiques de sorte à réduire le nombre d’oiseaux tués. Ce projet n’a pas de lien direct avec RinkWatch, mais les techniques utilisées sont similaires. »

Cameron Plouffe, analyste et développeur de l’équipe Esri Canada vouée à l’enseignement supérieur, accompagné de son chien, Ava.

Cameron a lancé son idée à l’interne et a obtenu le feu vert pour ce qui est de donner un peu de son temps dans le but d’aider RinkWatch à créer une nouvelle carte. Il a déployé une solution sur place en installant une géodatabase ArcSDE et ArcGIS for Server à l’Université Wilfrid-Laurier, puis en utilisant ArcGIS API for JavaScript  afin de créer application légère de cartographie Web.

La carte RinkWatch créée par M. Cameron Plouffe comprend une carte des régions froides (zones ombrées) indiquant les régions qui sont plus « patinables » que les autres.

La nouvelle carte a été lancée en janvier 2014, et les longues soirées que M. Plouffe a consacrées à son développement et à son déploiement ont certainement été profitables. Les nouvelles fonctionnalités (comme la mise en grappe, le filtrage par date et les zones ombrées mentionnées ci-dessus) procurent aux utilisateurs une compréhension plus approfondie des conditions des patinoires extérieures. En outre, un graphique montrant la patinabilité au fil du temps donne aux participants un contexte historique aux données qu’ils versent dans l’application.

 À ce jour, plus de 1000 « RinkWatchers » ont enregistré plus 10 000 valeurs de patinabilité sur le site Web. Par ailleurs, le projet a bénéficié d’une grande couverture médiatique. Entre autres, on en a parlé dans National Geographic, Scientific American, à l’émission The National de CBC, ainsi que dans le Montreal Gazette et le Huffington Post. La LNH a également exprimé son intérêt à collaborer avec RinkWatch et a publié un billet de blogue à ce sujet sur son site NHL Green.

 Pour M. Plouffe, cette attention des médias est une bonne chose parce qu’elle amène davantage de personnes à penser et à parler des changements climatiques d’une manière concrète et sérieuse. 

 « L’énoncé de mission de l’ensemble du projet : répondre à la question suivante, ‘‘Dans quelle mesure les changements climatiques excluront-ils la possibilité de patiner à l’extérieur, et qu’est-ce que la science citoyenne peut nous apprendre à propos de ces changements?’’ » déclare M. Plouffe. « La réponse à ces questions scientifiques nous aidera à tenter de mesurer les répercussions des changements climatiques. Elle amènera les gens à réfléchir à ce qui se passe avec le climat, parce que les questions sont posées dans un contexte qui les touche. »

* Damyanov, N. N., Matthews, H. D. et Mysak, L. A. (2012). Observed decreases in the Canadian outdoor skating season due to recent winter warming. Environmental Research Letters, 7(014028). doi:10.1088/1748-9326/7/1/014028