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Le Canada doit-il se doter d’un cadre d’infrastructure verte?

L’élaboration d’un cadre d’infrastructure verte pour les États-Unis a été annoncée lors de la conférence SIG 2016 d’Esri tenue à Washington, qui était consacrée aux administrations fédérales. Le projet vise la création de cartes Web composées de couches « vertes » destinées tant aux planificateurs locaux, régionaux et nationaux qu’au grand public. Le Canada et d’autres pays auraient-ils avantage à y jeter un sérieux coup d’œil?

Gary Knell, président et chef de la direction de National Geographic (NatGeo), a profité de la conférence SIG 2016 d’Esri tenue à Washington, qui était consacrée aux administrations fédérales, pour souligner le caractère déterminant des espaces verts pour les humains et les êtres vivants en général. Il a insisté sur l’importance des parcs – pas uniquement les parcs nationaux, mais également les parcs régionaux et les parcs de quartier.

Gary Knell a annoncé que NatGeo et Esri travaillent de concert sur un projet de collecte de données spatiales sur les espaces verts. À terme, elles seront publiées sous la forme d’une carte Web. Il appelle ce projet le « cadre d’infrastructure verte pour les États-Unis ».

Jack Dangermond, président d’Esri, a indiqué que ces cartes pourront servir à des travaux de planification et de conservation à l’échelle locale, et qu’un projet pilote est déjà en cours à San Diego, en Californie. Pour concevoir le cadre d’infrastructure verte pour les États-Unis, Esri recueille des jeux de données nationaux portant sur des thèmes tels que le transport, les sols, l’eau et le terrain. Ces données sont ensuite regroupées logiquement, puis converties en cartes Web illustrant par exemple les biens écologiques, culturels et panoramiques, les zones à risque et la couverture terrestre. Les utilisateurs peuvent visualiser et analyser ces cartes Web et ainsi produire des renseignements utiles aux fins de prise de décisions et d’intervention.

Le Canada devrait-il songer à lancer un projet similaire? Examinons tout d’abord ce qu’est une infrastructure verte et ce qui constitue un cadre d’infrastructure verte.

Le concept d’infrastructure est connu de tous. Le Canada est doté d’une infrastructure routière, d’une infrastructure électrique, d’une infrastructure de télécommunications, etc. On les appelle parfois « infrastructures matérielles » puisqu’elles sont conçues et fabriquées par l’homme. Le Canada dispose également d’une infrastructure de données spatiales (IDS), l’Infrastructure canadienne des données spatiales, qui sert à la diffusion de données géospatiales. Ces installations sont souvent intercalées et tributaires d’autres infrastructures. Par exemple, les IDS dépendent des infrastructures relatives aux télécommunications et à l’électricité.

Tout le monde sait également ce en quoi consiste la technologie environnementale. Une technologie verte, en particulier, vise à protéger l’environnement et les ressources naturelles de la Terre contre les effets potentiellement néfastes des phénomènes naturels ou de l’activité humaine. L’infrastructure verte, par conséquent, est un ensemble interdépendant de ces technologies. Voici quelques exemples d’infrastructures vertes de quartier : forêts urbaines, zones humides artificielles, égouts pluviaux, toits verts, revêtement poreux, installations de biorétention et arbres d’ombrage.

Ainsi, le Canada doit-il se doter d’un cadre d’infrastructure verte?

Cela ne fait aucun doute. Le Canada tire fierté de ses grands espaces naturels et sauvages et prend les enjeux environnementaux très au sérieux. Cependant, de nombreuses décisions touchant des projets et des politiques sont prises avec peu de renseignements réels à l’appui ou ne sont pas fondées sur une approche scientifique, essentiellement parce que les données géospatiales nécessaires ne sont pas disponibles, accessibles ou fiables. Par exemple, le pipeline Énergie Est devrait-il être construit ou non? Personne ne le sait vraiment puisque personne n’a recueilli les preuves (données) scientifiques nécessaires pour évaluer son impact environnemental potentiel et tirer des conclusions valables.

Un autre exemple est la politique de densification appliquée par de nombreuses administrations pour justifier une densité de construction accrue. Si les décideurs avaient réellement étudié cette politique dans un SIG au moyen d’un cadre d’infrastructure verte, les planificateurs se seraient rendu compte des sérieux ennuis causés par les pluies diluviennes.

Tout d’abord, la pluie remplira les égouts pluviaux, avant d’inonder les rues et de s’infiltrer dans les sous-sols des bâtiments. De nos jours, les villes ne renferment pas suffisamment d’espaces verts pour absorber la pluie ou à tout le moins en retenir une partie. Il n’est donc pas étonnant que les inondations y soient un problème majeur, même lors de simples averses supérieures à la moyenne.

Si le Canada décidait de suivre les traces des États-Unis, les cartes communautaires du Canada pourraient constituer le fond de carte de son cadre d’infrastructure verte. Le caractère multiéchelle de cette carte Web représente son plus grand avantage. Les planificateurs et les décideurs pourraient facilement effectuer un zoom avant sur les infrastructures vertes de quartier, puis faire un zoom arrière pour visualiser les infrastructures municipales, régionales ou même nationales ainsi que les regroupements d’infrastructures vertes.

Finalement, un cadre d’infrastructure verte permettrait au Canada de prendre des décisions éclairées, fondées sur des données scientifiques, qui favoriseraient le développement durable.