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Les vagues de chaleur et une application sur la vulnérabilité placent les cartes au premier plan

Le département de géographie de l’Université Laval a lancé une application de cartographie en ligne servant à explorer l’incidence des vagues de chaleur accablantes sur les communautés vulnérables dans les grandes villes canadiennes. L’application cartographie actuellement 156 zones de recensement en recourant à la technique dasymétrique en vue d’exclure les zones inhabitées et d’analyser plus précisément l’exposition et la vulnérabilité de la population.

Le projet a calculé et traité quatre indices : l’exposition, la sensibilité, la capacité de faire face et la vulnérabilité, afin de découvrir les zones où les populations sont exposées aux vagues de chaleur. Les couches géographiques ont été intégrées dans une application web ArcGIS qui permet aux utilisateurs d’interagir avec les données et de les explorer à partir d’une carte. L’Université Laval a mis la géodatabase à la disposition du public.

Citons la description figurant dans l’application de l’Université Laval : « Ces outils permettent, selon nous, de rendre publiquement accessibles des informations signifiantes et propres au contexte de l’analyse géographique de la vulnérabilité des communautés vivant dans les grandes agglomérations canadiennes. Munies de ces informations, les autorités pourront intervenir afin de réduire les effets sanitaires que pourraient causer ces vagues de chaleur et réagir plus adéquatement lorsque ces aléas surviendront. »

Capture d’écran de la page web de l’Université Laval portant sur les vagues de chaleur. Elle montre une carte du Canada parsemée de polygones recouvrant certaines régions et villes.

« Pour nous préparer à relever les défis à multiples facettes qui accompagnent les vagues de chaleur, nous avons besoin de modèles de données actualisés et à haute résolution qui permettent de simplifier des renseignements complexes », déclare Alexander Watts, titulaire de doctorat et gestionnaire de secteur, Santé publique, à Esri Canada. « Les nouveaux indices de vague de chaleur de l’Université Laval représentent une occasion unique pour les équipes de préparation aux situations d’urgence de tout le pays de prendre des décisions efficaces tenant compte de la localisation. »

En effet, le Canada s’est trouvé confronté au problème des vagues de chaleur. En 2021, la province de la Colombie-Britannique a connu un dôme de chaleur au cours duquel le village de Lytton a enregistré une température de 49,6 °C en une seule journée et des centaines de décès liés à la chaleur. Par la suite, le village entier a brûlé dans un incendie de forêt.

« En adoptant une approche géographique, les diverses parties prenantes impliquées dans la préparation aux urgences liées à la chaleur peuvent encore mieux collaborer », explique Alexander. « Car les cartes aident les équipes diversifiées à parler une langue commune tenant précisément compte de la dimension régionale. Elles les éclairent sur des questions stratégiques comme les suivantes : Quels sont les quartiers à prioriser? Où devrions-nous construire des infrastructures supplémentaires dans ces quartiers? Quels sont les centres communautaires avec lesquels nous pouvons déjà entrer en relation? »

Les problèmes de santé liés aux vagues de chaleur sont exacerbés pour les personnes vivant dans des zones exposées. L’on parle d’endroits où le sol est peu perméable, où les espaces verts sont rares, où l’air circule mal, où les bâtiments sont très denses, etc. Et c’est d’autant plus le cas pour les personnes vulnérables qui ne sont pas toujours en mesure de se protéger.

L’équipe de l’Université Laval a reconnu que l’incidence des vagues de chaleur sur les personnes dépend principalement de leur accès à des ressources comme un logement adéquat. Selon Linzey Bedard, gestionnaire des solutions d’aménagement de communauté à Esri Canada, « la façon dont nous abordons la question du logement adéquat dans ce cas doit tenir compte non seulement de l’espace de vie physique, mais aussi de la conception générale des bâtiments, des commodités environnantes, ainsi que des règlements de zonage et des directives de développement actuels et anciens ». Actuellement et historiquement, nos normes en matière de logement adéquat sont trop laxistes et, malheureusement, cela affectera de manière disproportionnée les populations vulnérables si nous continuons à éviter d’apporter les changements nécessaires ».

Pour savoir quels changements sont nécessaires, il faut utiliser la géoconception comme stratégie d’aménagement communautaire. La géoconception fusionne l’urbanisme avec les données environnementales et indicielles, et elle injecte le tout dans une plateforme technologique qui aide les pouvoirs publics à prendre des décisions plus judicieuses. « Nous savons que les arbres, les espaces verts publics et les aménagements paysagers robustes le long des rues, sur les places et dans les cours intérieures peuvent contribuer à atténuer la chaleur urbaine », commente Linzey. « Historiquement, les quartiers où prédominent les populations vulnérables et marginalisées ont été exclus de ce type d’aménagement destiné à atténuer les effets de la chaleur. Une première étape essentielle pour les administrations municipales consisterait à dresser un inventaire détaillé des arbres et des espaces verts et à procéder à une analyse spatiale de leur répartition géographique. »

Comme le suggère la description de l’application de l’Université Laval, la responsabilité de faciliter ces types de changements n’incombe pas uniquement aux administrations municipales. Par exemple, les normes minimales pour un logement adéquat peuvent être définies par le gouvernement régional ou provincial. Les différents paliers de gouvernement doivent travailler ensemble pour élaborer des stratégies et des politiques équitables. L’Université Laval a démontré que la cartographie peut constituer ce terrain d’entente.