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Gestion des terres autochtones : utilisation de la technologie SIG par la Nation Anishinabek

La Nation Anishinabek comprend 39 Premières Nations membres distinctes se disséminant dans différentes régions de l’Ontario, au Canada. Un sens aigu de l’engagement anime cette nation pour ce qui est de préserver son patrimoine à la fois environnemental et culturel. L’on trouve au sein de cette organisation des intendants des terres et gestionnaires de données que réunissent les solutions de cartographie et la technologie SIG (système d’information géographique).

Vidéo YouTube d’une entrevue avec Rhonda Gagnon, gestionnaire du service des terres et des ressources de la Nation Anishinabek.

Rhonda Gagnon, gestionnaire du service des terres et des ressources, a consacré plus de 17 ans à la Nation Anishinabek. Rhonda supervise la gestion des terres, de l’eau et des ressources pour 39 Premières Nations membres représentant une population totale d’environ 65 000 personnes. Son parcours dans le domaine des SIG a consisté à jeter un pont entre la tradition et la technologie et à amalgamer le savoir occidental et autochtone.

Cette titulaire d’une maîtrise en sciences de l’environnement a occupé plusieurs rôles : elle a été analyste des politiques de la Nation Anishinabek avant d’en devenir la responsable en matière d’intendance communautaire. Elle est également une auteure publiée. Ces diverses responsabilités font preuve de son dévouement exemplaire envers les générations futures. Au-delà de ses fonctions professionnelles, le lien profond qui unit Rhonda à la terre s’étend à sa vie personnelle, où elle trouve du réconfort dans des activités telles que la cueillette d’herbes médicinales et la pêche sur les eaux tranquilles de Temagami.

Photo du siège social de la Nation Anishinabek dans le nord de l’Ontario

Siège social de la Nation Anishinabek, Première Nation de Nipissing, en Ontario

Unifier et gérer les données sur les terres

Rhonda et la Nation Anishinabek ont dû surmonter d’importants obstacles pour assurer la préservation du patrimoine culturel et faire prévaloir le droit de leurs communautés d’assurer l’intendance des terres. Et le fait est que toutes les entraves se fondaient d’une manière ou d’un autre sur la localisation. Par exemple, il fallait :

  1. unifier les sources de données provenant de 39 Premières Nations;

  2. défragmenter des sources de données provenant de différents paliers de gouvernement;
  3.  travailler sur l’accessibilité, la gestion, la propriété et la protection des données. 

La protection et la propriété des renseignements deviennent problématiques lorsque des conseillers ou des organisations SIG externes sont engagés pour générer les données. Ces intervenants en conservent généralement le contrôle, ce qui porte atteinte à la propriété et à la souveraineté des communautés autochtones en la matière. Par conséquent, cet obstacle entrave la gestion par la Nation Anishinabek de données cruciales à la prise de décision et au développement de la communauté.

Le territoire diversifié de cette Nation, qui s’étend du lac Supérieur au nord de l’Ontario, complique les travaux de gestion des données, de conservation de la culture et de protection de l’environnement, car chaque zone écologique nécessite des stratégies adaptées. Par exemple, les plans d’eau et les forêts nécessitent des données différentes. Et la dispersion des Premières Nations Anishinabek dans des régions éloignées exacerbe la fragmentation des données et complexifie la question de leur propriété. Il faut trouver des solutions sur mesure, en mettant l’accent sur l’importance des informations propres au lieu et en misant sur des solutions SIG pour naviguer efficacement dans les méandres complexes que présentent les défis à relever.

Carte ArcGIS d’Esri représentant le territoire de la Nation Anishinabek. Les zones de concessions minières sont marquées en rouge.

Carte des concessions minières du territoire de la Nation Anishinabek

Solution

Les dirigeants de la Nation Anishinabek ont compris la nécessité d’améliorer la gouvernance et ont fait appel au programme Avantages (PA) d’Esri Canada pour les aider à éduquer le public sur les diverses initiatives. En effet, ce programme les doterait de produits sur mesure ArcGIS d’Esri, comprenant toute la cartographie interactive et tout l’accès sécurisé essentiels à la prise en charge des 39 Premières Nations, à la contribution de contenu au CarrefourGéo Ontario et à la formation sur l’utilisation du système.

La technologie SIG s’est avérée inestimable pour répondre aux besoins de la Nation Anishinabek en raison d’outils interactifs comme ArcGIS Dashboards et ArcGIS Survey123. Cette solution polyvalente aide les communautés dans des activités comme la cartographie de l’utilisation des terres, la démarcation des sites sacrés, la gestion des territoires de piégeage et de pêche, l’évaluation des concessions minières et la prise en main des situations d’urgence, le tout contribuant à la prise de décisions en connaissance de cause. 

« Quand on observe le processus de prise de décision, l’on constate comment les techniciens de la communauté utilisent des cartes narratives, des cartes web, des applications web instantanées ou de terrain, et j’en passe, pour collecter et gérer leurs propres données. Par conséquent, ils deviennent réellement les propriétaires de ces données et exercent sur ces dernières la souveraineté qui leur appartient. Ils prennent possession de capacités qui profitent à la communauté et aide celle-ci à prendre collectivement les décisions qui servent au mieux tous ses membres. C’est ainsi que je vois l’aide d’Esri : éducation, appropriation des données et soutien de notre communauté. »
- Rhonda Gagnon, gestionnaire du service des terres et des ressources, Nation Anishinabek

Tableau de bord ArcGIS des mines abandonnées dans le territoire de la Nation Anishinabek, créé à partir des données de classification des sites miniers.

Tableau de bord ArcGIS des mines abandonnées dans le territoire de la Nation Anishinabek

Avantages

Cohérence, accessibilité et contrôle de la qualité des données à partir de formats normalisés
En organisant de vastes volumes de données dans un système centralisé accessible aux Nations, aux régions et aux communautés, Esri facilite la collaboration entre les membres de la Nation Anishinabek en leur fournissant des ressources inestimables pour une prise de décision éclairée. Ce passage de l’absence au foisonnement de ressources a permis d’économiser d’innombrables heures et d’inspirer une plus grande confiance dans la qualité et le contrôle des données.

Prise de décision indépendante grâce à des programmes de formation continue
Rhonda et
Jenny Campbell, analyse des politiques pour la Nation Anishinabek, forment les Premières Nations sur la collecte de données et la narration, en utilisant des cartes pour les aider à comprendre le fondement et l’exploitation de renseignements précis, pertinents et dignes de confiance. La Nation Anishinabek assure en permanence la formation des membres de la communauté sur les outils d’Esri, ce qui génère des compétences transférables et une stabilité de l’emploi, tout en réduisant la dépendance à l’égard des conseillers SIG. Les décisions se prennent ainsi en connaissance de cause.

Le personnel de la Première Nation de Magnetawan enseignent comment marquer, surveiller et mesurer un serpent massasauga.

Surveillance du serpent à sonnette massasauga à la Première Nation de Magnetawan. Le personnel et les partenaires sont formés sur les techniques de manipulation sûre, de marquage, de mesure et de pesée de ce petit serpent venimeux. Image de gauche : « intubage » de serpent. Image de droite : mesure de la longueur d’un serpent à partir d’une photo sur fond grillagé.

Intégration de la sagesse ancestrale au service de la conservation de la culture
Un exemple de ce type de travail est le projet personnel Survey123 de Rhonda, qui consiste à nommer des lieux à l’intérieur du territoire de reconnaissance initial. Voilà bien un exemple du rôle que peuvent jouer les SIG dans la conservation des connaissances autochtones grâce à une documentation spatiale méticuleuse et à des efforts de cartographie culturelle.

Résultats

L’accès de la communauté à des outils SIG adaptés favorise une participation active aux discussions sur la gestion des terres. La formation interactive et les cartes narratives ArcGIS StoryMaps permettent d’approfondir la compréhension et de promouvoir l’inclusion et les pratiques durables, tout en favorisant un sentiment de connexion et d’appropriation.

  1. Amélioration de l’intégration des données : En unifiant les sources de données pour 39 Premières Nations, la Nation Anishinabek garantit que les membres de la communauté ont accès à des ensembles de données complets et normalisés, ce qui permet de prendre des décisions plus éclairées et de simplifier la gestion des ressources dans toute la région.

  2. Simplification de la collaboration en matière de données : L’élimination des sources de données fragmentées entre différents paliers de gouvernement améliore la coordination et la collaboration entre les autochtones et les entités gouvernementales. Cette simplification améliore l’intégrité des données, réduit le dédoublement des efforts et favorise une plus grande transparence dans les processus décisionnels liés à la gestion des terres et des ressources.

  3. Renforcement des mesures de sécurité des données : La mise en œuvre de protocoles solides d’accessibilité, de gestion, de propriété et de protection des données permet de préserver la souveraineté et l’intégrité des données des communautés autochtones. Ces mesures garantissent que les renseignements sensibles sont recueillis et stockés en toute sécurité, que seul le personnel autorisé y a accès et qu’ils sont utilisés de manière éthique et responsable pour soutenir les initiatives de développement communautaire, tout en respectant les valeurs et les traditions culturelles.

« L’utilisation et l’occupation des terres sont très importantes pour nos communautés. Ces dernières revendiquent une compétence dans le domaine. Et non pas une propriété, mais un rôle d’intendance sur leur territoire. Ce rôle signifie également que l’on dispose de leviers s’il y a une décision émanant par exemple d’un promoteur, d’une société minière ou d’une évaluation d’impact qui aura des conséquences sur la communauté. Les outils SIG rendent manifeste le fait que la communauté utilise réellement la terre et l’eau. »
- Rhonda Gagnon, gestionnaire du service des terres et des ressources, Nation Anishinabek

À gauche, photo d’une employée de la Première Nation de Nipissing qui tient un petit œuf de tortue au creux de sa main. À droite, photo en gros plan d’un nid enfoui de tortue peinte, avec des œufs tachetés de couleur crème.

Les œufs de tortue qui risquent d’être détruits sont localisés, nichés et incubés à la Première Nation de Nipissing. Image de gauche : excavation d’un nid de tortue. Image de droite : cavité de nidification de tortue peinte, une fois creusée soigneusement à partir de la surface.

L’avenir

Pour l’avenir, Rhonda cherche à étendre l’intégration des SIG à tous les services de la Nation Anishinabek afin d’améliorer la planification, le financement et le renforcement des capacités pour les projets. Consciente de l’importance de préserver les connaissances traditionnelles parallèlement à la science occidentale, Rhonda a pour objectif de former les 39 Premières Nations aux outils SIG, en favorisant l’appropriation par la communauté et une gestion solide des données. Grâce à des sources de données unifiées et à une meilleure accessibilité, Rhonda et les solutions SIG permettent à tous les membres de la Nation Anishinabek de sauvegarder leurs terres ancestrales, de protéger leur patrimoine culturel et de renforcer la gestion de l’environnement pour les générations à venir.

Pas familier avec la technologie des systèmes d’information géographique (SIG)?

Explorez la page Qu’est-ce qu’un SIG?

Parcourez notre page Peuples autochtones et découvrez comment les nations autochtones renforcent la gestion des ressources et l’intendance de l’environnement à l’aide des SIG.

Ce billet a été écrit en anglais par Rosalyn Laiken et peut être consulté ici.