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Bulletin The Geospatial Edge, numéro 9, printemps 2024

The Geospatial Edge est le bulletin périodique d’Esri Canada destiné aux gestionnaires et aux spécialistes chargés de développer les capacités géospatiales de leur organisation. Dans ce numéro, Matt Lewin propose un modèle permettant de formuler et de présenter à des publics de non-techniciens des idées complexes, y compris des idées liées à la stratégie et à la technologie géospatiales.

Récemment, j’ai reçu un certain nombre de questions sur les techniques de communication que j’utilise dans le cadre de mon travail stratégique, en particulier sur les moyens d’expliquer rapidement des idées techniques à des publics de non-techniciens. C’est une excellente question et un défi permanent. Je souhaite aborder cette question dans cette édition de The Geospatial Edge en discutant d’une méthode simple mais puissante pour encadrer et présenter des idées complexes. Cette méthode permet non seulement de transmettre la complexité de l’information, mais aussi de s’assurer qu’elle trouve un écho personnel auprès du public visé.

Je fais ici référence au modèle SCQA (Situation, Complication, Question et Avenue de solution). Examinons-le et prenons un exemple.

Le modèle SCQA

Le modèle Situation-Complication-Question-Avenue de solution (SCQA) est un cadre de communication et de narration souvent utilisé dans les entreprises pour structurer des présentations, des rapports ou toute autre forme de communication stratégique. Il est particulièrement efficace parce qu’il suit un arc narratif naturel qui reflète la communication quotidienne et décompose les informations en morceaux digestes, ce qui les rend faciles à suivre.

Je l’aime parce que toute communication stratégique est en fin de compte une réponse à une question, et que le modèle SCQA fournit un moyen structuré d’atteindre la réponse sans (idéalement) perdre qui que ce soit en cours de route.

Voici comment fonctionne chaque composante du modèle SCQA :

Situation. La situation prépare le terrain pour le public en décrivant l’état actuel des choses et en fournissant des informations de base essentielles. Cela aide le public à comprendre le contexte du contenu qui sera communiqué. La situation doit être un fait neutre et largement accepté afin que tous les auditeurs ou lecteurs soient sur la même longueur d’onde.

Complication. La complication introduit un problème, un défi ou un changement qui perturbe la situation initiale. C’est là que se crée la tension, car elle met en évidence un problème ou un ensemble de problèmes qui empêchent le statu quo de perdurer. Ou bien cette étape montre les obstacles qui doivent être surmontés. La complication est cruciale, car elle attire l’attention du public en créant un sentiment d’urgence ou en soulignant les répercussions potentielles.

Question. Cette complication entraîne une question qui se pose naturellement. Cette question doit résumer le défi posé par la complication et définir l’orientation de ce qui sera discuté ou résolu. Elle attire l’attention du public sur ce qui doit être abordé et le prépare à la solution. La question doit être directe et énoncer clairement le problème à résoudre, en reflétant les préoccupations suscitées par la complication.

Avenue de solution. Enfin, on en arrive à une avenue de solution ou à une réponse à la question. Cette partie doit résoudre la tension créée par la complication et clairement montrer le chemin à prendre pour continuer. La réponse peut être une recommandation, une conclusion ou une série d’actions à entreprendre. Elle doit être concrète et réalisable, et résoudre les problèmes soulevés plus tôt dans le récit.

L’intérêt du modèle SCQA est qu’il vous oblige à commencer par le contexte commercial et à mettre fin à la mauvaise habitude de passer immédiatement au discours technique. Votre public vous en remerciera.

Exemple : Améliorer l’accès aux services de santé mentale

Je travaille actuellement à la rédaction d’un manuel sur les SIG destiné aux responsables des administrations municipales, et j’ai utilisé le modèle SCQA pour structurer de nombreux cas d’utilisation décrits dans le document. En voici un exemple.

Supposons que le service de santé publique d’une Ville vous demande d’expliquer le potentiel des SIG pour améliorer l’accès des communautés aux services de santé mentale. Les membres de cette équipe ne veulent pas une longue dissertation sur les caractéristiques et les fonctions; ils veulent comprendre comment la technologie géospatiale peut être utilisée pour répondre à ce besoin social essentiel. Voici comment vous pourriez présenter votre contenu en utilisant la méthode SCQA.

Situation

Les villes fournissent des services de santé mentale à leurs habitants dans le cadre de stratégies de santé publique et d’assistance sociale, dans le but d’améliorer le bien-être général de la communauté et la stabilité économique. Des soins de santé mentale efficaces contribuent à réduire les coûts de santé en évitant des complications plus graves et en diminuant le recours aux services d’urgence. Ils contribuent également à la stabilité sociale en aidant les gens à gérer des conditions qui pourraient autrement entraîner un isolement social ou des comportements problématiques. En outre, des services de santé mentale accessibles peuvent conduire à une augmentation de la productivité et à une réduction de l’absentéisme au sein de la population active, tout en aidant à faire baisser la criminalité et en favorisant un environnement communautaire plus inclusif et plus équitable. Grâce à ces services, les villes peuvent garantir une société plus solidaire, plus résiliente et plus prospère.

Note de l’auteur : Dans cette section, je résume l’importance des services de santé mentale pour les communautés en tant que moteur du bien-être et de la prospérité. Il s’agit ici de résumer l’état actuel des choses sans exprimer d’opinion tranchée dans un sens ou dans l’autre. Il faut s’en tenir aux faits généralement admis.

Complication

Malgré la disponibilité des services de santé mentale, des obstacles importants empêchent un accès optimal pour tous les habitants de la ville. Ces défis découlent d’une combinaison de problèmes systémiques, de limitations des ressources et de facteurs sociétaux, notamment des contraintes de financement et de ressources, la stigmatisation sociale envers les problèmes de santé mentale et une pénurie de professionnels qualifiés en santé mentale. Chaque défi dépend d’un lieu, de facteurs sous-jacents et de réponses requises qui varient géographiquement. Les barrières géographiques, la répartition inégale des services et le manque d’information sur les endroits où les services sont les plus nécessaires entraînent une sous-utilisation et un accès inéquitable. Certaines régions peuvent avoir des besoins plus importants en raison de facteurs socio-économiques, mais disposent d’une couverture moindre, ce qui entraîne des temps de déplacement plus longs pour le traitement et une augmentation potentielle du nombre de cas non traités.

Note de l’auteur : Dans cette section, j’identifie les obstacles à l’accès aux services de santé mentale et j’explique comment la géographie et la localisation sont des facteurs sous-jacents importants. Nous ne parlons pas de technologie à ce stade, mais je tiens à préciser que l’emplacement est un facteur essentiel qui explique la situation. Il s’agit de l’étape clé de liaison entre la question générale et l’occasion géospatiale.

Question

Comment la municipalité peut-elle utiliser la technologie géospatiale pour identifier ces lacunes et améliorer l’accessibilité et l’efficacité des services de santé mentale pour tous les habitants de la ville?

Note de l’auteur : Il s’agit d’un énoncé concis et convaincant du problème.

Avenue de solution

Les autorités municipales peuvent mettre en œuvre une stratégie fondée sur la technologie SIG afin d’améliorer l’accessibilité des services de santé mentale des manières suivantes :

  • Optimiser les décisions de financement et d’affectation des ressources. Les villes peuvent utiliser les SIG pour mieux comprendre les schémas géographiques des besoins de la communauté et optimiser la manière dont les fonds et les ressources sont déployés. Il s’agit notamment de cartographier les zones où les besoins sont importants, d’identifier les lacunes dans les services et d’adapter l’engagement communautaire par quartier ou par région.

  • Promouvoir la sensibilisation et réduire la stigmatisation sociale. La publication de cartes des incidents liés à la santé mentale peut normaliser la prévalence des problèmes de santé mentale et démontrer que ceux-ci sont omniprésents. La technologie SIG peut également être utilisée pour comprendre les schémas de déplacement et l’accessibilité des lieux afin de maximiser la confidentialité de l’accès aux services.

  • Remédier aux pénuries de professionnels de la santé. À court terme, les administrateurs peuvent utiliser les SIG pour repérer les régions présentant des défis similaires et élaborer des calendriers de rotation et des programmes de formation communs. À plus long terme, les SIG permettent aux administrateurs de prévoir l’évolution régionale de la demande de services en fonction de facteurs tels que la croissance démographique, le vieillissement ou les changements socio-économiques, et d’élaborer des stratégies de recrutement propres à chaque lieu.

Note de l’auteur : C’est ici que vous présentez vos solutions techniques. Soyez aussi technique que vous l’estimez nécessaire pour votre public, mais veillez à ce qu’il fasse le lien avec les facteurs sous-jacents présentés dans la « Complication ». Tout le monde dispose ainsi de la logique de raisonnement qui permet d’aboutir à la solution proposée.

Conclusion

Il existe différentes manières de présenter l’information. Quelle que soit la méthode choisie, n’oubliez jamais le principe clé : comprendre votre public. J’aime l’approche SCQA parce qu’elle organise l’information dans un récit simple à suivre et auquel il est possible de s’identifier. C’est une combinaison difficile à battre.

Parlons-en ensemble

J’aimerais savoir comment vous communiquez des sujets techniques à des publics de non-techniciens. Si vous avez une histoire intéressante, envoyez-moi un courriel ou connectez-vous avec moi sur LinkedIn. J’aimerais connaître vos expériences!

Cordialement,

Matt

The Geospatial Edge est un bulletin d’information périodique sur la stratégie géospatiale et l’intelligence de localisation édité par Matt Lewin, directeur des services-conseils en gestion d’Esri Canada. Ce billet de blogue est une copie du numéro qui a été envoyé aux abonnés en mai 2024. Si vous souhaitez recevoir le bulletin d’information The Geospatial Edge et les messages connexes d’Esri Canada directement dans votre boîte de réception, visitez notre Centre de préférences en matière de communications et cochez la case « Stratégie SIG » parmi les champs d’intérêt.

Ce billet a été écrit en anglais par Matthew Lewin et peut être consulté ici.