The Geospatial Edge est le bulletin périodique d’Esri Canada destiné aux gestionnaires et aux spécialistes chargés de développer les capacités géospatiales de leur organisation. Dans ce numéro, Matt Lewin se demande si le concept général de transformation numérique devrait encore être une priorité pour les organisations, à une époque où des technologies de transformation comme l’IA générative et les jumeaux numériques retiennent particulièrement l’attention.

L’idée de ce numéro de The Geospatial Edge est née d’une question qui m’a été posée lors d’un panel de questions et réponses à la Conférence des utilisateurs d’Esri. Un membre du public a posé une question sur la transformation numérique et sur les raisons pour lesquelles ce mot à la mode dans le monde des affaires semble s’être estompé, remplacé par des termes tels que « jumeau numérique » et « IA générative ». La transformation numérique est-elle encore d’actualité? S’agit-il toujours d’une priorité pour les organisations? Dans l’affirmative, comment les jumeaux numériques et l’IA générative s’intègrent-ils? Qu’en est-il des SIG? La discussion a été intéressante, mais nous n’avons fait qu’effleurer le sujet pendant le panel. C’est ainsi qu’est né un nouvel Edge!

Oui, la transformation numérique est toujours d’actualité; elle le sera toujours.

Si le discours sur la transformation numérique s’est en fait estompé, je pense que c’est en raison de la confusion qui persiste autour du terme lui-même. Nombreux sont celles et ceux qui traitent et discutent de la transformation numérique comme d’une initiative unique axée sur la technologie ou, en d’autres termes, comme d’un projet informatique principalement axée sur le remplacement ou la mise à niveau de la pile technologique de base d’une organisation. Pour moi, ce n’est pas exact.

La transformation numérique concerne la transformation de l’entreprise. Je pense qu’il s’agit d’une transformation de l’entreprise par des moyens numériques. Cela signifie qu’au fur et à mesure que la technologie évolue, la possibilité de se transformer numériquement persiste. Il y a un problème avec le fait de penser que la transformation numérique est un événement ponctuel ou même une initiative s’étendant sur plusieurs années. Parce qu’on insinue qu’une transformation numérique peut s’achever, comme s’il s’agissait d’un projet avec une date de début et une date de fin.

En fait, la transformation numérique est un processus, une évolution permanente et continue de la manière dont une organisation tire parti de la technologie numérique pour gérer ses activités, interagir avec ses clients et fournir ses produits et services. Et comme la technologie ne cesse de progresser, dès que vous avez terminé un effort de transformation, un nouveau monde d’occasions numériques s’offre à vous.

Pour citer Jeff Bezos, la transformation numérique en est toujours au premier jour.

Malheureusement, le succès de la transformation numérique a été modeste.

Si la transformation numérique n’est jamais morte, les résultats peuvent varier et, malheureusement, les réussites en matière de transformation ont été rares.

Dans une étude récente, McKinsey a jeté un regard neuf sur la transformation numérique dans le secteur bancaire afin de déterminer qui a réussi ou non dans ses efforts. Les résultats ont été décevants. Alors que 89 % des organisations interrogées ont indiqué qu’elles poursuivaient activement la transformation numérique, seuls 31 % ont indiqué qu’elles avaient véritablement rentabilisé leur investissement, ce qui n’est pas vraiment un succès retentissant.

Une grande partie de cette lacune renvoie au problème de la perception. De nombreuses organisations interrogées ont concentré leurs efforts de transformation numérique sur le suivi de la technologie plutôt que sur la progression de leurs activités. Les organisations en retard, en particulier, se sont arrêtées sur la mise en œuvre du minimum nécessaire en termes d’outils numériques. Par exemple, des outils comme une application bancaire mobile conçue exclusivement pour les clients. Il y a dix ans, cela aurait pu être une transformation, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui, surtout d’un point de vue concurrentiel.

Comme l’indique l’étude, « dès qu’une banque lance une fonction mobile, les autres la voient et proposent la pareille assez rapidement ». Les organisations qui jouent un jeu perpétuel de rattrapage ne transforment jamais vraiment leur activité par rapport au reste de l’industrie. Ce qui était autrefois innovant devient rapidement le coût à payer pour rester en affaires.

Alors, que font différemment ceux qui sont à la pointe de la transformation numérique? En bref, ils se concentrent sur la création d’une valeur difficile à imiter.

Selon l’étude, les organisations qui tirent le plus de profit de leurs efforts de transformation numérique vont au-delà des applications de base et misent sur la transformation des fonctions essentielles de leur entreprise. Plus particulièrement, elles axent leurs efforts sur la réorganisation ou l’optimisation de processus et de flux de travaux complexes. Cela implique l’intégration de dizaines de cas d’utilisation, de plusieurs parties prenantes, de grands volumes de données et de nombreux systèmes externes.

Dans le secteur bancaire, les leaders vont bien au-delà des applications mobiles destinées aux clients et transforment l’ensemble du processus de vente numérique. Ils s’appuient sur les technologies numériques fondamentales (telles que l’infonuagique, le mobile, l’analyse et les médias sociaux) pour optimiser l’ensemble du parcours client. Par exemple, ils élaborent des analyses de personnalisation pour assurer l’efficacité des campagnes de marketing. Ils fournissent un accès omnicanal au service à la clientèle. Ils offrent l’approbation de produits financiers en temps réel. Et ils proposent aux clients des outils de libre-service étendus leur permettant de s’occuper eux-mêmes des transactions bancaires ordinaires.

Les leaders numériques ne se contentent pas de changer de technologie; ils changent fondamentalement la façon dont les affaires sont menées.

La technologie qui favorise et optimise les intégrations complexes sera le moteur de la prochaine vague de transformation numérique.

Ce qui ressort des tendances de la transformation numérique relevées par McKinsey, c’est à quel point les concepts d’intégration et de connectivité sont devenus centraux. La réorganisation de processus d’affaires complexes est essentiellement un exercice d’intégration, qui consiste à recâbler en profondeur les systèmes, les flux de travaux et les comportements. La transformation numérique moderne repose largement sur la réalisation d’une intégration plus large et plus étroite à l’intérieur et à l’extérieur d’une organisation, et les technologies qui permettent et accélèrent cette connectivité profonde se dégageront du lot. C’est pourquoi les conversations sur les jumeaux numériques, l’IA générative et la technologie géospatiale sont de plus en plus nourries.

Les jumeaux numériques sont des répliques virtuelles de systèmes physiques et constituent, par essence, l’ultime concept d’intégration. Que ce soit pour une chaîne de production, un réseau de transport ou un bassin versant, la mise en œuvre d’un jumeau numérique implique l’intégration de nombreux ensembles de données, systèmes et processus pour modéliser un système fonctionnant comme dans la vie réelle. Cela inclut la manière dont les humains interagissent avec ces systèmes et les entretiennent. Souvent en temps réel et en 3D, selon le degré de sophistication. J’ai résumé ci-dessous un modèle général d’évolution des capacités en matière de jumeau numérique.

Jumeaux numériques et technologie géospatiale

La technologie géospatiale est un élément fondamental des jumeaux numériques et joue un rôle essentiel à chaque niveau d’évolution.

Un jumeau présentant un degré élevé d’intégration et de richesse constitue la base d’une transformation numérique complexe. Les gestionnaires peuvent modéliser en toute confiance des scénarios pour des flux de travaux complexes et déterminer les améliorations à apporter aux processus. Les jumeaux numériques sont essentiellement un vecteur de la transformation numérique moderne.

Les jumeaux numériques reposent sur deux technologies essentielles : l’IA générative et la technologie géospatiale. Celles-ci sont au cœur des systèmes de jumeaux numériques, car elles permettent de générer, de simuler et d’adapter des représentations numériques qui reflètent fidèlement les systèmes du monde réel. L’intelligence artificielle générative fournit les pouvoirs prédictifs et prescriptifs; la technologie géospatiale fournit le contexte spatial. En les associant, vous obtenez un jumeau numérique intégré et intelligent qui peut vous indiquer où, quand et pourquoi prendre des mesures ou effectuer des changements. Vous trouverez ci-dessous un résumé de la façon dont je vois ces technologies.

IA générative et technologie géospatiale

L’IA générative a le potentiel d’accélérer les résultats à chaque étape du cycle de vie des données géospatiales, en faisant passer l’intervention humaine vers l’interprétation, la prise de décision et l’innovation fondées sur les données.

Comment vois-je se dérouler l’ère de la transformation induite par les jumeaux numériques? Il est difficile de se prononcer une fois pour toutes là-dessus, mais voici quelques exemples déjà en cours qui proviennent d’administrations municipales :

Aménagements et investissements liés aux infrastructures

• L’on utilise l’IA générative pour évaluer les indicateurs économiques, les tendances démographiques et les projections de croissance urbaine afin de recommander des investissements stratégiques dans les infrastructures.
• L’on utilise la technologie géospatiale pour cartographier les infrastructures actuelles et les zones d’expansion. 
• L’on intègre les deux technologies pour créer un jumeau d’aménagement urbain qui aidera les responsables municipaux à prendre des décisions éclairées sur le lieu et le moment d’investir dans de nouveaux projets d’infrastructure.

Interactions et services liés aux résidents

• L’on utilise l’IA générative pour analyser les commentaires des résidents, les demandes de service et les données d’analyse de sentiments afin de dégager les tendances et d’améliorer la prestation de services.
• L’on utilise la technologie géospatiale pour obtenir des renseignements géolocalisés sur les demandes de service.
• L’on combine ces technologies pour améliorer les interactions avec les résidents, adapter les services aux besoins particuliers et optimiser l’affectation des ressources en vue de satisfaire au mieux le public.

Conclusion

La transformation numérique n’est pas morte. Elle prospère, évolue et s’adapte aux temps qui changent. L’intégration des jumeaux numériques, de l’IA générative et de la technologie géospatiale (ainsi que d’autres innovations) dans les opérations commerciales témoigne de sa pertinence continue. Les organisations qui adoptent ces technologies sont mieux équipées pour innover, rester concurrentielles et répondre aux exigences d’un monde de plus en plus numérique.

Il ne faut donc pas enterrer prématurément la transformation numérique. Reconnaissons plutôt son importance durable et exploitons les avancées numériques modernes pour façonner un avenir plus efficace, plus créatif et plus durable pour les entreprises et les sociétés.

Parlons-en ensemble

J’aimerais savoir comment vous abordez la transformation numérique et la prochaine vague d’innovation numérique. Si vous avez une histoire intéressante, envoyez-moi un courriel ou connectez-vous avec moi sur LinkedIn. Merci de me communiquer vos expériences!

Cordialement,

Matt

The Geospatial Edge est un bulletin d’information périodique sur la stratégie géospatiale et l’intelligence de localisation édité par Matt Lewin, directeur des services-conseils stratégiques d’Esri Canada. Si ce courriel vous a été transmis et que vous souhaitez recevoir le bulletin d’information The Geospatial Edge et les messages connexes d’Esri Canada, visitez notre centre de préférences en matière de communications et cochez la case « Stratégie SIG » parmi les champs d’intérêt.