Skip to main content

ArcGIS Pro : repoussez les limites des SIG de bureau

L’idée que nous nous faisons des « logiciels SIG » a certainement connu sa part de changement et d’évolution. Nous constatons qu’ils sont désormais utilisés sur des ordinateurs personnels, sur des appareils mobiles, sur le web, et dans des drones et des véhicules autonomes. Nous voyons même des logiciels SIG fonctionner tranquillement en arrière-plan sans aucune intervention humaine. 

Modèles d’utilisation des SIG 

La notion de « SIG de bureau » est une constante de l’histoire des SIG. J’utilise le terme « SIG de bureau » dans un sens générique. Ce à quoi je fais référence ici, c’est le modèle d’utilisation par un spécialiste des SIG (là encore au sens générique) assis devant un solide progiciel SIG installé sur un ordinateur personnel. J’inclus ArcMap, ArcGIS Pro QGIS et d’autres outils dans ce modèle. 

J’ai réfléchi à la question. Pourquoi ce modèle s’est-il poursuivi? En quoi a-t-il changé? S’agira-t-il encore d’un modèle courant à l’avenir?  

J’ai parlé à de nombreuses personnes qui prédisent la fin des SIG de bureau et qui pensent que tout sera et devra être fait dans le nuage. Certes, il est impressionnant de constater le chemin qu’ont parcouru les SIG dans le nuage en très peu de temps. Des outils comme ArcGIS Online, ArcGIS Velocity et ArcGIS Image for ArcGIS Online, par exemple, sont évolués et sophistiqués. Ils utilisent des ensembles de données massifs, mais ne nécessitent que des ressources matérielles minimales sur place. Ces outils sonnent-ils le glas des SIG de bureau? 

Personnellement, je ne le crois pas.  

Je pense que le rôle des SIG de bureau sera amené à changer, mais qu’il conservera son utilité dans l’écosystème plus large des SIG. Voici pourquoi.

Qu’est-ce qui a changé? 

J’ai constaté un changement indéniable dans la façon dont nous décrivons les SIG de bureau. Pour beaucoup d’entre nous (moi y compris) et pendant de nombreuses années, la différence entre les SIG web et les SIG de bureau a résidé dans le fait que ces derniers servaient à faire le gros du travail. Ce sont eux qui permettaient d’effectuer les analyses complexes et de traiter les grands ensembles de données. Les SIG web, quant à eux, étaient vu comme des outils de partage, de visualisation et de recherche de données. Les grands ensembles de données se trouvaient dans nos systèmes de gestion de bases de données relationnelles (SGBDR) au bout du couloir, avec une connexion directe au SIG de bureau. 

Toutefois, des produits comme ArcGIS Velocity et ArcGIS Image remettent clairement en cause cette distinction. En fait, c’est le contraire qui est maintenant vrai. Nous sommes plus enclins à dire que les solutions qui utilisent des données massives doivent s’appuyer sur l’extensibilité du nuage. La grande puissance de calcul et de stockage du nuage est nécessaire pour gérer les données massives et exploiter l’apprentissage automatique. 

On pourrait avancer un argument similaire en ce qui concerne la publication de cartes. Je dirais que si vous réalisez une carte grand format imprimable (et croyez-moi, j’adore ce genre de produits), vous avez effectivement besoin des outils des SIG de bureau. Cependant, il est juste de dire que, en raison de leur nature dynamique, les applications et tableaux de bord interactifs en temps réel sur Internet constituent pour la plupart des produits d’information bien plus précieux. 

Alors, qu’en est-il des SIG de bureau? 

Je pense qu’ils sont toujours nécessaires et qu’ils ont quatre rôles fondamentaux à jouer. 

En près de 30 ans dans le secteur des SIG, j’ai appris qu’il ne faut jamais dire jamais. Les fonctions plus précisément associées à ces rôles peuvent en effet changer, mais, selon moi, pas dans un avenir prévisible. 

Création de données 

Aujourd’hui, la plupart des tâches de création ou d’assemblage de données primaires sont effectuées sur le bureau Cela n’est pas seulement vrai pour les SIG, mais aussi pour la CAO, la BIM et la conception graphique. Cela n’est pas dû à une quelconque limitation ni à un avantage technologiques. Je crois que c’est simplement une question de pure commodité. Qu’il s’agisse de numérisation, d’édition, de maintenance ou de cartographie entité par entité, rien ne vaut un ensemble d’outils et de commandes sur mesure pour accomplir le travail. 

Exploration analytique 

Les SIG de bureau ne sont pas les seuls outils d’analyse. Cependant, lorsque nous nous lançons dans la résolution d’un problème, il est très peu probable que nous sachions exactement le chemin que nous allons emprunter et les outils dont nous aurons besoin (c’est pourquoi les plombiers, les électriciens et les entrepreneurs ont des camionnettes remplies de tous les outils et pièces détachées imaginables). En tant que géographes, nous voulons explorer les données et procéder par tâtonnements avec différents outils. Nous voulons voir les résultats et les comparer. Nous voulons pouvoir faire marche arrière et essayer une autre voie. Encore une fois, les SIG de bureau nous offrent un riche ensemble d’outils que nous pouvons essayer, écarter, réessayer. Bien entendu, un service web offre également des outils et flux de travaux analytiques, mais ils sont moins adaptés à une exploration ponctuelle par essai-erreur. 

Orchestration du flux de travaux 

Pour moi, c’est le plus important. Un SIG de bureau moderne n’est pas seulement un ensemble d’outils. Il s’agit plutôt d’une plateforme connectée qui permet à l’utilisateur d’organiser de manière centralisée les données, les outils et les flux de travaux. Il permet de se connecter à toutes sortes de sources (à l’intérieur ou à l’extérieur d’un pare-feu). Là encore, on peut évoquer des outils de traitement basés sur le web qui font désormais le gros du travail avec les données massives. Mais un SIG de bureau moderne permet de gérer ces tâches, et d’orchestrer ces services en introduisant des paramètres et en résumant les résultats et même, parfois, en organisant l’étape suivante. On peut voir les SIG de bureau comme le cockpit à partir duquel de nombreuses utilisations SIG peuvent être orchestrées. 

Publication d’informations 

J’ai commencé ma carrière en tant que cartographe, et je ne cesserai jamais de vanter les mérites d’une carte bien conçue. Après l’« orchestration », vient naturellement la « publication » de cartes haut de gamme. Les SIG de bureau sont des outils idéaux pour publier non seulement des cartes mais aussi des services. Ils sont même parfois utilisés pour publier des applications et des tableaux de bord.  

En fin de compte, les produits que les spécialistes des SIG créent sur des logiciels de bureau sont consommés par un grand nombre d’utilisateurs sur des outils web. Les uns ne vont pas sans les autres. Les SIG de bureau font partie de l’écosystème plus large des outils que nous utilisons en tant que spécialistes des SIG. Nous devons nous-mêmes adapter notre rôle et passer du statut d’acteurs exclusifs des SIG à celui de promoteurs des diverses utilisations que d’autres peuvent en faire. Nous continuerons à ouvrir la voie et à repousser de nouvelles frontières, mais nous devons aussi regarder en arrière et nous assurer que chacun récolte la valeur de ce que nous avons semé.

Ce billet a été écrit en anglais par Chris North et peut être consulté ici.