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9-1-1PG : un facteur de changement majeur en matière de sécurité publique

L’intégration de la messagerie texte, des médias sociaux, des vidéos, des photos et des interfaces non humaines aux appels 9-1-1 va révolutionner la prestation des services d’intervention d’urgence. On s’attend à ce que le service 9-1-1 de prochaine génération sauve plus de vies, et les systèmes et services SIG constituent une fonction essentielle à la réalisation de cet objectif. Holly Barkwell partage son expertise dans ce billet de blogue.

Dans notre billet de blogue précédent, Holly Barkwell* avait mentionné que le service 9-1-1 de prochaine génération changerait l’industrie de la sécurité publique de plusieurs façons. Cette fois-ci, j’ai demandé à Holly de m’expliquer comment le service 9-1-1PG tirera parti des SIG, jouant ainsi un rôle clé pour sauver des vies.

Laissons maintenant la parole à Holly Barkwell.

Le service 9-1-1 de prochaine génération représente effectivement un pas de géant sur le plan de la technologie et des opérations pour le service 9-1-1 à l’échelle mondiale. Pour commencer, cependant, je dois vous fournir quelques renseignements généraux sur le réseau 9-1-1 actuel. Le service 9-1-1 traditionnel est basé sur un réseau analogique conçu pour acheminer les appels vocaux par ligne terrestre (ou fixe) à un centre téléphonique de sécurité publique (CTSP), aussi connu sous le nom de centre de communications d’urgence (CCU).

Lorsqu’un appel 9-1-1 est effectué par ligne terrestre, une série de requêtes est exécutée sur le réseau de l’entreprise de téléphonie afin de déterminer, entre autres, l’adresse municipale de l’appelant ainsi que les services de police, d’incendie et d’ambulance pouvant intervenir à cette adresse. Une requête similaire est également effectuée dans la base de données d’un répertoire d’adresses municipales principal (RAMP) afin d’établir le CTSP approprié pour cette adresse municipale. Ces requêtes sont effectuées à l’aide de bases de données non spatiales. À la fin de ces recherches, l’appel (ainsi que les données d’abonnés dérivées et d’autres renseignements d’identification provenant de l’entreprise de téléphonie) est transmis au CTSP ou au CCU, où l’adresse municipale est généralement vérifiée et interpolée par un réseau de tracés de rues.

L’ajout de la technologie mobile à ce processus fondé sur l’adresse municipale s’est avéré problématique pour le service 9-1-1-, car les appels 9-1-1 sans fil ne sont pas directement reliés à une adresse municipale. Alors, comment le réseau 9-1-1 traditionnel peut-il « localiser » un appelant 9-1-1 sans fil? Cela s’effectue grâce à un processus appelé triangulation, qui détermine l’emplacement de l’appelant sans fil selon sa proximité avec les emplacements connus des tours cellulaires. La triangulation est lente et basée sur un emplacement estimé, dont la précision varie en fonction de l’emplacement physique et de la technologie de l’entreprise de téléphonie.

Les abonnements à un service téléphonique sur ligne fixe continuent de chuter à un rythme de 7 à 8 % par année. Selon les statistiques du CRTC, en 2018, 67 % des Canadiens possédaient un abonnement à un service téléphonique sur ligne fixe (une diminution de 7 % par rapport à 2016), et 88 % possédaient au moins un appareil mobile avec un forfait de téléphonie cellulaire. Comme le marché des appareils mobiles continue de croître, souvent, l’« emplacement » d’un appelant ne sera pas une adresse municipale traditionnelle; par conséquent, les renseignements cartographiques connexes doivent être mis à la disposition du préposé aux appels du CTSP ou du CCU afin de confirmer l’emplacement. Des données comme l’orthophotographie et les images satellitaires deviendront de plus en plus utiles.

Comme l’industrie du 9-1-1 a réalisé un travail fantastique avec ses programmes d’éducation du public, en répandant l’idée que toute personne pouvait composer le 9-1-1 à partir de n’importe quel appareil et n’importe où, les Canadiens attendent que ce projet se concrétise. Il est donc temps de tenir cette promesse! Après tout, si Uber et Skip The Dishes savent exactement où se trouve un appelant, pourquoi le service 911 ne le pourrait-il pas?!?

Alors, qu’est-ce que cela signifie pour les systèmes et services SIG? Aujourd’hui, et pour un certain temps encore, l’acheminement des appels du service 9-1-1PG :

  • nécessitera des polygones d’intervention des CTSP définis et l’utilisation d’un RAMP;
  • consistera en des ensembles de données structurés (par exemple, les réseaux routiers et l’adressage); et
  • exigera des applications ou des solutions cartographiques comprenant un composant de cartographie intégré (par exemple, dans le système de répartition assistée par ordinateur [RAO]) pour la répartition, les interventions d’urgence et d’autres applications de sécurité publique..

Mais voici pourquoi il s’agit d’un facteur de changement majeur :

En ce qui concerne le service 9-1-1PG, l’acheminement des appels au 9-1-1 sera fondé sur les SIG plutôt que sur la méthode tabulaire actuelle du RAMP. Ce changement ne se produira pas immédiatement, mais une fois mis en œuvre, les renseignements sur l’emplacement pourront être fournis sous forme de coordonnées X/Y (et possiblement Z [altitude]) pour les appareils mobiles, et par l’intermédiaire de l’adresse municipale, plus les coordonnées X/Y, pour les lignes terrestres, dès lors qu’un appel d’aide sera effectué au service 9-1-1. La capacité de fournir des coordonnées SIG pour les lignes terrestres dépendra de la volonté des fournisseurs de services 9-1-1. Cette évolution permettra de déployer plus efficacement les améliorations apportées à la technologie de précision de la localisation et de les rendre opérationnelles à mesure qu’elles seront disponibles. De plus, à mesure que la précision de la localisation sans fil s’améliorera, la technologie de CAO devra inclure des données relatives aux points d’adresses en plus de celles des tracés de rues.

Est-ce que cela vous semble compliqué? Effectivement, ça l’est!

Bientôt, les réseaux analogiques traditionnels pour l’acheminement des appels 9-1-1 seront remplacés par le réseau IP des services d’urgence (ESInet). Ce « réseau de réseaux » permettra un acheminement plus rapide des appels et de l’information aux organismes fournissant le service 9-1-1. Des mécanismes d’acheminement d’appels plus efficaces et des outils améliorés pour les CTSP et les CCU se traduisent à leur tour par une intervention d’urgence plus rapide. Le fait de fournir des coordonnées SIG plutôt qu’une localisation interpolée à partir d’une tranche d’adresses améliore considérablement la capacité de localiser tous les appelants, même s’ils se trouvent sur un grand campus ou dans des régions rurales sans adresses, y compris sur des voies navigables. 

Acheminement plus rapide + renseignements plus précis sur l’emplacement = temps de réponse plus rapides!

À l’avenir, le service 9-1-1 bénéficiera des avantages suivants :

  • des points d’adresse (en plus des tranches d’adresses des tracés de rues);
  • d’autres entités de transport (par exemple, des sentiers, des routes de traversiers, des routes de ressources et des routes non utilisées, ainsi que des sentiers de randonnée);
  • des entités d’infrastructure, comme des pipelines et des voies ferrées ou des marqueurs routiers;
  • la gestion coordonnée des données spatiales.

Finalement, comme le service 9-1-1PG est basé sur un réseau IP, la capacité d’intégrer facilement des technologies nouvelles, existantes et encore à déterminer pour effectuer un appel au service 9-1-1 est un autre facteur qui change la donne en matière de sécurité publique. L’intégration de ressources potentielles, comme la messagerie texte, les médias sociaux, les vidéos, les images et les interfaces non humaines (Internet des objets ou IdO) va révolutionner la prestation des services d’intervention d’urgence.

Bref, on s’attend à ce que le service 9-1-1PG sauve plus de vies, et les systèmes et services SIG constituent une fonction essentielle à la réalisation de cet objectif. À mesure que l’utilisation des SIG par les fournisseurs pour l’acheminement des données géospatiales et la validation de la localisation évoluera et que les organismes de sécurité publique et les intervenants commenceront à se fier davantage à la cartographie et aux autres outils de localisation pour la répartition, les itinéraires des véhicules et la connaissance de la situation, le niveau de détail et de précision gagnera en importance. Il aura même une GRANDE importance.

* Holly Barkwell, présidente et chef de la direction de BH Group Inc. et directrice régionale pour le Canada de la National Emergency Number Association (NENA, l’association nationale des services de numéros de secours). Comptant plus de 25 ans d’expérience au sein d’organismes de sécurité publique, Holly participe activement à des sous-comités de groupes de travail nationaux et régionaux sur la réglementation et travaille d’arrache-pied pour promouvoir les opérations et la planification des politiques du service 9-1-1PG au Canada.

N’hésitez pas à faire circuler notre matériel, à émettre des commentaires ou à poser des questions. Cette série d’articles et de billets de blogue se veut interactive et constitue une plateforme de discussion continue sur le service 9-1-1PG pour le bien de la sécurité publique. Pour en savoir plus, communiquez par courriel avec David Hamilton ou Holly Barkwell.

Ce billet a été écrit en anglais par David Hamilton et peut être consulté ici.