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Roger Tomlinson a-t-il correctement théorisé le fonctionnement des SIG pour les gouvernements?

La thèse de doctorat de Roger Tomlinson, travail majeur publié en 1974, a posé les fondements d’une grande partie des travaux académiques des décennies suivantes sur le développement et l’utilisation des SIG. Mais la théorie de Roger sur la manière dont les gouvernements devraient avoir recours à la géographie pour prendre leurs décisions est-elle correcte? Lisez ce billet de blogue pour savoir s’il avait raison.

Avez-vous déjà eu la chance de lire la thèse de doctorat de Roger Tomlinson, publiée en 1974, intitulée « Geographic Information Systems, spatial data analysis and decision making in government » (« Système d’information géographique, analyse de données spatiales et prises de décision par les gouvernements »)? Il s’agit d’un texte pertinent qui offre la chance aux lecteurs de réaliser que bon nombre des éléments des SIG actuels ont été pensés il y a plus de quarante ans. Malgré l’expérience internationale de Roger, son travail a conféré au Canada une réputation d’excellence en matière de SIG.

Étant donné que l’expertise et l’expérience de Roger portaient sur le développement du système d’information géographique du Canada (SIGEC), plusieurs des exemples utilisés dans sa thèse concernent le gouvernement fédéral du Canada. Plus particulièrement, ces exemples illustrent le processus de prise de décision du gouvernement et la manière par laquelle les informations géographiques aident les leaders et les planificateurs du gouvernement à prendre les meilleures décisions, comme le montre la Figure 8.1 de la thèse.

La thèse de doctorat de Roger Tomlinson montre la complexité de la relation, au sein du gouvernement, entre la prise de décision, les SIG et l’analyse spatiale.

Plus de quarante ans plus tard, en 2017, les réseaux informatiques haute vitesse, les capteurs et Internet font partie du quotidien et sont présents pratiquement partout. Les SIG continuent de s’imposer dans les entreprises et, plus encore, dans les gouvernements. Aujourd’hui, le cadre de prise de décision à l’aide des SIG comprend les étapes suivantes :

  1. Gestion et intégration des données (mesure)
  2. Visualisation et cartographie (compréhension)
  3. Analyse et modélisation (prévision)
  4. Planification et conception (collaboration)
  5. Prise de décision (information)
  6. Action (réalisation)

Mais on peut se demander : le processus de prise de décision SIG a-t-il un tant soit peu changé au cours des quarante dernières années? Y a-t-il des différences entre la manière dont nous faisons les choses et la manière dont Roger les avait envisagées dans les années 70? Selon moi, pas vraiment. Bien sûr, la vitesse des technologies, la meilleure qualité des logiciels et des données, et l’apparition de nouvelles méthodes de collaboration sur Internet ont apporté certaines améliorations. Mais, selon moi, le processus en soi n’a pas vraiment changé depuis que Roger l’a décrit dans sa thèse, il y a bien des années.

Comparons le processus de prise de décision SIG d’aujourd’hui avec le cadre proposé dans la thèse de Roger. Par exemple : qu’est-ce qu’une ville a besoin de prendre en compte lorsqu’elle prend une décision importante? Les éléments énumérés ci-dessous sont assurément essentiels :

  • les répercussions sur la communauté, la circonscription ou la ville;
  • les conséquences à court et à long termes de la décision;
  • les dépenses ou les économies engendrées par la décision;
  • les recommandations des comités ou du personnel;
  • les commentaires du public, des représentants élus, des leaders de la communauté et des organisations professionnelles;
  • les recherches sur d’autres villes ayant pris des décisions dans des situations semblables et leur taux de réussite;
  • les priorités et règlements de la ville.

Fait intéressant, dans le cadre décisionnel actuel des gouvernements, l’analyse spatiale et l’analyse financière sont en réalité les seuls éléments pouvant être analysés de manière scientifique. Tous les éléments qui ne touchent ni les finances ni la géographie sont analysés de manière heuristique, et non scientifique.

Un bon exemple d’utilisation d’un SIG web dans la prise de décision, la présentation de plans et le suivi auprès du public par le gouvernement est celui de la région de Waterloo, en Ontario, qui a presque terminé l’installation d’un système léger sur rail (SLR) reliant les villes de Kitchener et de Waterloo. La région a conçu et déployé une carte récit web montrant les trajets choisis du SLR et les emplacements prévus de ses stations, les raisons de ces choix et leurs avantages à long terme. La carte web permet aussi au public de commenter le choix des stations.

Exemple de carte récit web ayant aidé les villes de Kitchener et de Waterloo dans leur processus de prise de décision au sujet de leur système léger sur rail. La carte récit présente des informations au public et reçoit ses commentaires, comme le prévoit le processus décrit par Roger Tomlinson dans sa thèse de doctorat. Référence photographique : Ville de Waterloo  

Dans le processus de prise de décision, la géographie peut aussi contribuer aux analyses heuristiques. Par exemple, les répercussions, les conséquences, les recommandations et les projets similaires peuvent aussi être facilement représentés sur une carte. Les commentaires des citoyens et surtout du public peuvent être recueillis grâce à une application cartographique web.

Les processus modernes de prise de décision des gouvernements reprennent le cadre décrit par Roger Tomlinson il y a plusieurs décennies. Les concepts d’espace et de faits appuyés par l’analyse spatiale, et l’importance d’avoir les bonnes données spatiales sont encore d’actualité. Ainsi, la conception de Roger Tomlinson concernant la prise de décision géospatiale est toujours bonne, à tous les paliers de gouvernement, mais plus particulièrement dans les municipalités.

Ce billet a été écrit en anglais par Gordon Plunkett et peut être consulté ici.