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Avons-nous besoin d’un bulletin de rendement sur l’Infrastructure canadienne de données géospatiales (ICDG)?

Récemment, la Coalition of Geospatial Organizations (coalition des organisations géospatiales) des États-Unis a publié un bulletin de rendement sur l’état de la National Spatial Data Infrastructure américaine. Devrions-nous entreprendre une démarche similaire afin d’évaluer et de noter l’Infrastructure canadienne de données géospatiales?

Tous ont déjà reçu des bulletins scolaires. Votre perception de ces derniers dépendait toutefois du type d’élève que vous étiez. De façon générale, si vous étiez un bon élève, vous étiez heureux de recevoir votre bulletin. Cependant, si vous étiez un mauvais élève, ce n’était pas toujours une partie de plaisir. Puisque la perfection n’est pas de ce monde, il ne fait aucun doute que, peu importe vos résultats, vous pouviez toujours faire mieux.

La Coalition of Geospatial Organizations, un groupe américain, a demandé à un comité d’experts d’évaluer et de noter la National Spatial Data Infrastructure (NSDI) et de publier un bulletin de rendement de la NSDI. Puisqu’une infrastructure de données spatiales est déjà complexe – et qu’elle l’est encore plus à l’échelle nationale –, le comité d’expert a décidé d’évaluer les couches de données-cadres séparément de l’infrastructure globale. Grâce à une méthode d’évaluation rigoureuse et à un examen minutieux de toutes les facettes de l’infrastructure, le groupe a accordé une note moyenne de « C » aux sept couches de données-cadres, alors que l’infrastructure globale s’est vu décerner une note de « C- ». Ce n’est pas mauvais, mais on peut certainement faire mieux.

Pendant que je consultais le bulletin de la NSDI, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer la situation des États-Unis à celle du Canada. En effet, les parallèles entre les deux pays en ce qui a trait à évaluation sont frappants. Comme vous le savez probablement déjà, le programme GéoConnexions de Ressources naturelles Canada (RCCan) travaille depuis quelques années à l’élaboration de l’infrastructure de données géospatiales pancanadienne, appelée Infrastructure canadienne des données géospatiales (ICDG).

À l’aide des mêmes critères que ceux utilisés dans le bulletin de la NSDI, j’ai effectué une brève évaluation de l’ICDG et de ses données-cadres. Voici ma comparaison « non scientifique » de la NSDI américaine et de l’ICDG, en plus de quelques explications sur la note accordée à cette dernière.

Évaluation des données-cadres

Domaine

Note de la NSDI

Note de l’ICDG

Commentaires sur la note de l’ICDG

Données cadastrales

D+

D-

Dans plusieurs provinces, les données cadastrales ne sont offertes que dans le cadre de services tarifiés.

Contrôle géodésique

B+

A-

Les données de contrôle géodésique sont facilement accessibles à l’échelle nationale et sont généralement exactes.

Données d’altitude

C+

C-

Les DNEC présentent quelques lacunes quant à leur qualité et à leur résolution, mais couvrent l’ensemble du territoire canadien.

Données hydrographiques

C

C+

Le Réseau hydrographique national est plutôt efficace, mais l’actualité des données fait souvent défaut.

Données orthophotographiques

C+

D

Il n’existe pas de stratégie d’imagerie nationale, ce qui donne lieu à une mosaïque inégale de données d’imagerie désuètes.

Données sur les entités gouvernementales

C

C+

Les données relatives aux limites administratives sont généralement de bonne qualité et actuelles.

Données de transport

D

D+

Les données du Réseau routier national ne sont généralement pas actuelles.

Note des données globales

C

C

Bien que plusieurs couches de données soient actuellement utilisables, les données-cadres globales de l’ICDG requièrent une attention particulière.

Évaluation globale de l’ICDG

Domaine

Note de la NSDI

Note de l’ICGC

Commentaires sur la note globale de l’ICDG

Capacité

C

C

De nombreux ensembles thématiques de données-cadres de l’ICDG ne répondent pas aux besoins actuels ou futurs.

Condition

D

D

De nombreux ensembles thématiques de données-cadres de l’ICDG sont désuets.

Financement

D

D

Le financement de l’ICDG et des données-cadres est faible et continue de diminuer.

Besoins futurs

D

C

Un financement futur pourrait être utile en ce qui concerne certaines couches de données, mais de nouvelles politiques doivent être mises en place pour améliorer les données cadastrales.

Exploitation et entretien

C

D+

De nombreuses organisations clés ne sont plus en mesure d’entretenir et d’élaborer leurs données-cadres.

Utilisation par le public

C

D

La majorité des données-cadres ne sont pas accessibles de façon uniforme au grand public.

Résilience

C

B-

La communauté géospatiale emploie plusieurs méthodes de participation et de contribution.

Évaluation globale

C-

C-

L’évaluation globale permet de relever que l’ICDG nécessite toujours de l’attention et du financement.

Légende des notes :

  • A = Prêt pour l’avenir
  • B = Adéquat pour le moment
  • C = Nécessite de l’attention
  • D = À risque
  • F = Inutilisable

Selon moi, bien que les notes globales soient à peu près identiques, l’ICDG surpasse la NSDI américaine dans certains domaines et traîne de la patte dans d’autres.

Alors, que devrions-nous faire dans cette situation? Devrions-nous simplement rester passifs et espérer que le rendement fasse des progrès de lui-même? Malheureusement, notre situation actuelle ne s’améliorera pas toute seule, et si nous ne faisons rien ou en faisons trop peu, elle continuera de se détériorer. Qu’est-ce que la communauté canadienne de géomatique devrait faire à ce sujet?

Eh bien, je crois que nous devons faire deux choses. Tout abord, il importe d’effectuer une évaluation professionnelle sérieuse de l’ICDG, de façon à produire une version canadienne scientifiquement valide du bulletin de rendement. Ensuite, une fois que le premier bulletin de rendement de l’ICDG sera achevé et que les domaines nécessitant une attention immédiate seront définis, nous devrons établir un plan ciblé afin de remédier aux lacunes et de nous moderniser.

L’une des forces de la communauté du Canada est sa capacité à se rassembler afin de réaliser de grandes choses. À cet effet, je suggère que la Table ronde de la communauté canadienne de géomatique (ou GéoAlliance Canada, comme on l’appellera possiblement bientôt) prenne l’initiative de procéder à cette évaluation de l’ICDG, ainsi qu’à la planification et à la mise en œuvre des améliorations nécessaires relevées dans le bulletin de rendement subséquent. Qu’en pensez-vous?